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1936 à Bron

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La fonderie des usines Berliet
© Collection A. B.

1936 est l’une des plus célèbres années du XXe siècle. Marquée par le Front Populaire et par de grandes grèves nationales, elle eut un fort retentissement dans notre ville.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°29 d'octobre 2023.

L’année avait commencé à Bron sans que rien ne vienne la troubler. Au Conseil municipal, on avait discuté des sujets habituels, comme du projet de construction d’une école aux Essarts, ou encore de la création de lotissements de maisons pour accueillir les couples d’employés ou de petits commerçants. La commune semblait loin des questions politiques et sociales qui agitaient le pays : en 1935, les élections municipales ne l’avaient pas fait basculer dans le camp communiste, au contraire de Vénissieux ou de Villeurbanne, tandis que la quasi-absence d’industries sur son sol la préservait relativement du spectre du chômage, lequel hantait la scène internationale depuis la grave crise économique de 1929.

Marre des 3 francs 6 sous...

C’était sans compter avec la grande grève qui commença à Lyon et à Vénissieux, dans les usines d’automobiles et de camions de Marius Berliet (aujourd’hui RVI) : le 17 mars 1936, près de 4 500 ouvriers restèrent bras croisés, pour réclamer de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaire. En réaction, Berliet licencia tout son personnel, grévistes comme non-grévistes, ces derniers devenant des « lock-outés », littéralement des « verrouillés dehors ». Notre ville fut directement concernée par l’évènement, car les usines Berliet comptaient de nombreux Brondillants parmi leur personnel. Au point que, le 3 avril 1936, le Conseil municipal demanda qu’une aide de 3 000 francs soit versée aux ouvriers grévistes ou lock-outés. « C’est trop peu », répondit le maire, Claude Bador. « Qu’un crédit de 10 000 francs leur soit accordé », proposa-t-il. Ainsi fut fait.

Claude Bador, sauveur des grévistes

Mais quelques semaines plus tard, le 30 avril 1936, on apprit que monsieur le Maire « avait pris l’initiative d’envoyer des chômeurs aux usines Berliet, pour y être mis à la disposition de la direction afin de remplacer ses ouvriers en grève » ! Une crise s’ensuivit au sein du Conseil municipal, que Claude Bador régla en attribuant 10 000 francs supplémentaires, et bientôt 40 000 francs en tout, aux grévistes de Berliet et aussi à ceux des usines de soie artificielle de Vaulx-en-Velin, entrés à leur tour dans le mouvement. En ce printemps 36, c’est toute la France qui se mettait en grève, dansant et chantant dans les usines occupées, avec le soutien du plus clair de la population. Puis le 3 mai, les partis de gauche remportaient les élections législatives, portant le gouvernement du Front Populaire au pouvoir. Un Front Populaire qui allait voter dans la foulée la semaine des 40 heures, et les premiers congés payés dans l’histoire de notre pays. Dès lors, Bron se mit à la page. Les syndicats ouvriers ? On accepta que leurs représentants siègent dans la commission du Fonds municipal de chômage. Les jeunesses communistes ? L’on étudia avec soin leur demande d’activités sportives. Les vacances ? L’on mit à disposition des campeurs désireux de dresser leurs tentes dans notre ville, les terrains de la batterie de Lessivas, propriété de la commune. L’année 36 se termina sur ces conquêtes sociales. Mais aussi sur une note plus inquiétante : le 12 décembre, le Conseil municipal votait l’achat d’une sirène « destinée à donner l’alerte en cas d’attaque aérienne en période de conflit international ». La guerre n’allait pas tarder à s’inviter elle aussi à Bron…

Aline Vallais

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