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L'Homme de la Roche

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Au cours de son histoire, Bron accueillit bien des grands noms. L’Homme de la Roche, Jean Kleberger (1485-1546), fut l’un d’eux.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°28 de Septembre 2023.

Juste au pied de la Basilique de Fourvière, la Saône se fraye un passage dans un défilé de falaises rocheuses. Leur sommet était autrefois couronné par une forteresse appartenant aux archevêques de Lyon, le château de Pierre-Scize, dont il ne subsiste plus un seul pan de mur. Aujourd’hui, c’est plutôt à la base des murailles naturelles que le regard est attiré. Quai Pierre-Scize, dans une anfractuosité taillée dans le rocher, se dresse en effet une haute statue érigée en 1849 pour célébrer la mémoire de celui que les Lyonnais appelaient affectueusement « l’Homme de la Roche », ou encore « Le Bon Allemand » : Jean Kleberger. Né à Nuremberg en 1485, alors ville du Saint-Empire romain germanique, il était issu d’une famille de la noblesse locale, et fit lui-même fortune dans la banque et le négoce des tissus. Ses affaires l’amenèrent dès 1517 à fréquenter Lyon où les foires, l’imprimerie et la banque attiraient à flots entiers les personnes aisées, qui trouvaient dans la capitale des Gaules l’occasion de s’enrichir encore plus.

Alias le « bon Allemand »

Comme les Gadagne, une famille italienne dont le magnifique hôtel particulier sert aujourd’hui de cadre au musée du même nom. Jean Kleberger, lui, navigua entre Allemagne, Suisse, Pays-Bas et France, puis finit par s’installer à Lyon au début des années 1530. C’est là qu’il épousa, en 1535, Pélonne Bonzin, une jolie femme que l’on surnomma dès lors « la belle Allemande ». Là aussi, qu’il prêta des sommes folles à des particuliers et même au roi François Ier. Là qu’il vint en aide aux pauvres, contribuant en 1534 à la fondation de l’Aumône générale de la ville, d’où son surnom de « bon Allemand ». Là enfin, qu’il investit sa fortune dans la pierre et dans la terre, achetant des maisons, des domaines, des seigneuries – comme celle de Saint-Trivier, dans l’Ain, dont son fils David Kleberger devint baron.

Et Bron, dans tout cela ?

Située aux portes de Lyon, et donc propice aux investissements des riches Lyonnais, notre commune attira aussi les Kleberger. À une date que les textes anciens ne précisent pas mais qui se situe au XVIe siècle, le « sieur de Cleberge » acheta en effet à un « potier d’étain », une « grange » - autrement dit un domaine entier, tout comme Grange-Blanche l’était -, ainsi que des prés et des terres cultivables. Comme tout grand bourgeois, Kleberger dut dès lors louer sa « grange » brondillante à un fermier, en percevoir les moissons et les fruits et, sans doute, la visiter de temps en temps. Le « bon Allemand » et son fils David furent suivis par bien d’autres personnes fortunées qui, toutes, investirent à Bron. La preuve, en 1656, sur les 1068 hectares de la commune, 750 étaient possédés par des nobles et des ecclésiastiques, soit 70 % du territoire ! Et les 30 % restant se partageaient en 1638 entre 66 propriétaires roturiers dont 14 étaient des Lyonnais. Autant dire que les Brondillants n’avaient droit qu’à des miettes du gâteau… Quant à Jean Kleberger, il mourut à Lyon le 6 septembre 1546, après avoir légué sa fortune à sa femme et à leur fils David. Il nous reste de lui sa statue en bord de Saône, et aussi un portrait peint en 1526 par un célèbre artiste, Albrecht Dürer – excusez du peu !

Aline Vallais

Sources : Archives du Rhône, Edépôt 29/14, 29/15 et 29/27. Archives de l’Isère, 2 C 318. E. Vial, L’histoire et la légende de Jean Cleberger, sur gallica.bnf.fr

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