Etape 3 - Le Vinatier

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Accès :

  • Depuis les vestiges du Mas des Tours, revenir sur vos pas en suivant les panneaux "sortie".
  • Aller tout droit, jusqu'à la chapelle de l'hôpital.

Longtemps, l'on enferma les fous. Ils faisaient peur à la société, qui voyait en eux de dangereux individus, voire des possédés du diable ! Aussi les jetait-on dans des cachots, en couvrant de chaînes les plus agités. Les aliénés de la région lyonnaise n'échappaient pas à la règle, eux que l'on parquait dans les caves de l'Hôtel-Dieu au 18e siècle, puis dans l'ancien couvent de l'Antiquaille, à Fourvière, au début du 19e. Jusqu'à ce qu'un médecin, Philippe Pinel (1745-1826), qui a donné son nom au boulevard longeant le Vinatier, bouleverse la perception de l'aliénation. "La folie est curable", clama-t-il. Soignez les maladies de l'esprit comme l'on soigne les maladies du corps, en accueillant les patients dans des structures adaptées à leurs pathologies. Des endroits calmes, coupés de l'agitation du monde, où ils pourront vivre avec un minimum de dignité. 

En 1838, l'Etat prend le relais du docteur Pinel et de ses confrères humanistes, en obligeant chaque département à se doter d'un hôpital public spécialement destiné à recevoir les aliénés. Le Conseil général du Rhône s'exécute trente ans plus tard, en achetant un château de Bron, le Mas des Tours, et son grand domaine où l'on cultive encore la vigne - d'où le nom du Vinatier. Ce morceau de campagne a été choisi sur les conseils du docteur Joseph Arthaud (1813-1883), un homme exceptionnel, alors médecin-chef à l'hôpital de l’Antiquaille, qui a consacré sa vie aux malades mentaux. Les travaux de construction des bâtiments débutent en 1869, sous la direction de l'architecte Antoine Louvier, et l'établissement ouvre ses portes en 1876. "L'asile de Bron", comme on l'appelle à l'époque, se présente comme un village, avec une magnifique chapelle en son centre, et tout un ensemble de pavillons semés sur une centaine d'hectares : au sud de la chapelle le quartier des hommes, au nord le quartier des femmes, chaque quartier comprenant des bâtiments voués aux différentes catégories de malades - les "tranquilles", les "agités", les épileptiques, etc. Au-delà s'étendent les installations permettant à l'asile de vivre en quasi autarcie, comme un moulin, une boulangerie, deux fermes avec leurs troupeaux, des ateliers, un château d'eau, les villas du personnel, et même un cimetière, sans oublier les terres agricoles qui, aujourd'hui muées en parc, font du Vinatier l'un des plus grands espaces verts de l'agglomération lyonnaise. En fonction de leur état, les malades peuvent travailler dans les ateliers ou à la ferme, ou bien restent cantonnés dans leurs pavillons respectifs.

Prévu pour 600 lits, l'hôpital accueille dès son inauguration plus de 1000 patients, un chiffre qui va en s'accroissant, jusqu'à atteindre 2895 malades en 1940, encadrés par 650 personnes. Le Vinatier devient alors le deuxième plus important hôpital psychiatrique de France, et le quartier le plus peuplé de Bron ! Dans le lot des internés figurent des personnalités, comme Hervé de Maupassant, le frère de Guy, décédé ici en 1889, ou comme la résistante Berty Albrecht, qui pour échapper aux cachots nazis, simule la folie - et parvient à s'évader, en décembre 1942. La Seconde guerre mondiale constitue une épreuve effroyable dans l'histoire de l'établissement : faute d'une nourriture suffisante car oubliés du reste de la société, 2000 malades y meurent de faim... Arrivent les années 1950 et avec elles une révolution, l'introduction des médicaments permettant un traitement chimique des pathologies mentales. Les médecins délaissent la camisole de force au profit d'un dialogue avec leurs malades, soulagés et apaisés par les nouveaux traitements. L'insertion du patient dans la société, sa formation et sa réinsertion professionnelle lorsqu'elle est possible, deviennent le but à atteindre des thérapies modernes. Du coup, le Vinatier comble les fossés et rase les hauts murs qui l'entouraient. Il s'ouvre à la ville et devient un hôpital comme les autres, où s'illustrent de grands noms de la psychiatrie française. 

N'hésitez pas à en parcourir les allées. Le parc de l'établissement est librement accessible. Vous découvrirez alors la chapelle de 1876, les pavillons des origines, dont l'ancien quartier des hommes (au sud de la chapelle), et plus loin, au nord de la chapelle, les bâtiments du quartier des femmes. Partant à gauche de la chapelle, une allée bordée par les coquettes villas du personnel vous mènera à la porte principale de l'hôpital, donnant sur le boulevard Pinel.

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