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Les nazis à l'assaut du Vinatier

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L’avenue principale du Vinatier dans les années 40
© Fonds La ferme du Vinatier

En 1944, les troupes nazies investissent l’hôpital psychiatrique du Vinatier et, durant quelques jours, font redouter le pire. Lumière sur un épisode méconnu de l’histoire de notre ville.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]onjour n°05 de Mai 2021.

 

Le Vinatier était connu de tous les habitants de la région lyonnaise. Et aussi des Allemands, qui savaient pertinemment qu’en tant que tel, cet hôpital bénéficiait d’une neutralité absolue. L’article 6 de la Convention de Genève ne proclamait-il pas que « les établissements fixes du service de santé seront respectés et protégés par les belligérants » ? Et pour qu’aucun soldat n’ignore son statut, le personnel hospitalier avait pris soin d’installer boulevard Pinel, « les drapeaux de la Croix-Rouge qui flottaient à l’entrée de l’hôpital et sur les principaux pavillons ».

Vue de la cour intérieure dans les années 40
© Fonds La ferme du Vinatier

Aussi, lorsque le dimanche 20 août 1944, « des gradés de l’armée allemande » se présentèrent à la porte de l’établissement, et visitèrent « les parcs qui se trouvent de chaque côté de l’entrée pour y installer un convoi militaire », médecins et infirmiers furent stupéfaits, puis protestèrent énergiquement. En vain. Il en fallait plus pour faire reculer les nazis. Rendus nerveux par le débarquement de Normandie, le 6 juin 1944, et surtout par le débarquement de Provence seulement cinq jours auparavant, le 15 août, ils redoutaient le déferlement des Alliés et ne respectaient plus les lois de la guerre.

Dès le lendemain de leur arrivée, le lundi 21 août, les Allemands installèrent dans l’enceinte de l’asile une trentaine de camions, des troupes et même un canon : ils espéraient sans doute être ici à l’abri des attaques alliées. Commença alors un ballet incessant, les camions et le canon partant « pour faire des expéditions dans les environs », tandis que les sentinelles effectuaient des rondes de jour comme de nuit entre les pavillons de l’établissement. Les Alliés, ayant repéré ce manège depuis le ciel, et peut-être aussi renseignés par la Résistance, se mirent à survoler « constamment l’hôpital à basse altitude. Un combat eut même lieu au-dessus des bâtiments entre quatre avions de la RAF (l’aviation anglaise) et les Allemands qui ripostaient. De nombreuses douilles de balles de mitrailleuses furent ramassées après le combat ».

Le 24 août, l’insurrection débute à Villeurbanne puis les barricades vont s’étendrent à une partie de l’agglomération de Lyon.
© DR

Le pire, pourtant, restait à venir. Le 24 août 1944, une insurrection populaire éclata à Villeurbanne et s’étendit à une partie de l’agglomération lyonnaise. La réaction de l’occupant ne se fit pas attendre. Le 26 août, tandis que les chars s’avançaient dans les rues de la banlieue, des batteries de canons et des mitrailleuses lourdes furent installées sur le château d’eau du Vinatier et à proximité immédiate, sur le boulevard de Ceinture, d’où elles participèrent aux représailles. Surtout, « à tout instant, les Allemands tiraient, aussi bien sur les bâtiments que sur le personnel ou sur les malades. C’est ainsi qu’ils blessèrent le 28 août, vers 16 h 30, deux malades qui travaillaient dans les jardins ». Par miracle, il n’y eut aucun mort à déplorer. Mais du 21 août jusqu’à leur départ dans la nuit du 1er au 2 septembre, soit la veille de la Libération de Lyon, les « troupes combattantes allemandes » semèrent les pires craintes à l’intérieur de l’hôpital, tout en risquant d’attirer sur l’établissement un bombardement aérien ou une attaque alliée. Une fois l’ennemi parti, des démarches furent entreprises afin de faire connaître aux autorités cette violation de la Convention de Genève. Apparemment sans suites.

Aline Vallais

Sources : Archives départementales du Rhône, 3808 W 869.

© DR

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