11195

Le plus grand meeting de tous les temps

Off
Le Breguet 19 de Costes et Le Brix, auteurs du premier tour du monde par avion, en 39 étapes.
© DR

Depuis son inauguration en 1910, l’aéroport de Bron réunit périodiquement des meetings aériens. Mais celui de 1928 connut un incroyable succès populaire.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]onjour n°06 de Juin 2021.

Article du 22 juin 1928 dans le journal Lyon Sport
© DR

La presse n’a pas mâché ses mots pour annoncer l’évènement.

À grand renfort d’articles en première page, photos à l’appui, elle informe ses lecteurs de la « très belle manifestation » qu’organise l’Aéro-club du Rhône le dimanche 24 juin 1928 : « Un lot d’as, de très grands as, sera présent à l’aérodrome de Bron. À tel point que l’on peut dire que le ciel sera, en plein jour, constellé d’étoiles ».

La venue de Costes et de Le Brix, les conquérants de la première traversée de l’Atlantique Sud sans escale, devrait à elle seule déplacer des foules jusque dans notre ville. Les journalistes ne se trompent pas. Dès 8 heures du matin, une armée de curieux afflue de Lyon et de toute la région, prenant d’assaut les tribunes et les pelouses entourant la piste. Combien sont-ils exactement ? 50 000, d’après l’Auto-Vélo ; 130 000, d’après le Lyon-Républicain, et même 150 000, s’enflamme Le Petit Parisien ! Des chiffres qui placent cet évènement en tête de tous les meetings aériens jamais organisés dans notre région !

L'affiche du meeting d'aviation du 24 juin 1928.
© DR

Pendant que la foule grossit, « bleus, jaunes, verts, gris, rouges, oranges, immenses ou minuscules, les avions roulaient, décollaient sans arrêt », proposant des baptêmes de l’air aux
spectateurs avides de s’élancer dans les cieux. À 11 h 25, un Bréguet grand raid de couleur verte apparaît au-dessus du terrain : c’est Costes, bientôt suivi de Le Brix ! Aussitôt, « une immense ovation s’élève », des cris, des applaudissements à tout rompre, saluent triomphalement les héros du jour.

À 14 h 30, le meeting proprement dit commence. Pas moins de cinquante avions décollent les uns après les autres, tandis que les as de l’acrobatie aérienne, Fronval et Detroyat, se lancent « dans une série étourdissante de renversements, de tonneaux, de vrilles, de loopings ». Puis les compétitions se succèdent durant tout l’après-midi : après un concours d’adresse visant à détruire des ballonnets lâchés dans les airs, vient une course de vitesse sur un circuit aérien de 12 kilomètres autour de l’aérodrome, gagnée par Costes. L’armée, dont Bron constitue l’une des bases, intervient à son tour. Groupés en formation en V, comme un vol de canard, dix avions de guerre « se livrent à un carrousel aérien d’une étonnante précision ».

Un Goliath Salmson d’Air-Union en 1923. C’est avec ce type d’avion que l’ancêtre d’Air France a emmené des passagers pour un vol, au départ de Bron, au-dessus du Mont-Blanc
© DR

Vers 16 h, « un grand avion bimoteur décolle, prend rapidement de la hauteur puis disparaît ». C’est le Goliath de luxe de la Compagnie Air-Union, l’ancêtre d’Air France, « qui emmène dix passagers au-dessus de Chamonix et du Mont-Blanc ».

Fronval devant son “Morane- Saulnier” à moteur Salmson 220 CV, sur l’aérodrome de Bron
© DR

Arrive 19 h, le programme de la manifestation touche à sa fin. Mais les spectateurs en réclament davantage !

Fronval en couverture du périodique sportif “L’as” de juillet 1928, quelques jours après son décès accidentel.
© DR

À peine revenu du Mont-Blanc avec ses passagers « enchantés du merveilleux voyage », le Goliath doit reprendre du service pour effectuer des baptêmes de l’air, et ce jusqu’à 21 h, tandis que le jour commence à décliner. La foule alors se retire, lentement : « À Bron, la colonne des spectateurs qui attendent les tramways s’étend sur plus d’un kilomètre et, dans la traversée du village, véhicules et piétons se mêlent en une cohue étroite et poussiéreuse ». Quant aux journalistes, ils se ruent aussitôt sur leurs machines à écrire, pour raconter à tour de pages cette journée ô combien mémorable.

Aline Vallais
Sources : Journaux Lyon-Sport, Lyon-Républicain, Le Progrès, Le Nouvelliste, Le Nouveau Journal, L’Auto-Vélo, Le Petit Parisien, du 22 au 29/6/1928.

Vous n'avez pas trouvé ce que vous cherchiez ?

Rechercher