17523

L'élection du Consul

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Plan de l'église Saint Denis de Bron en 1829

Pendant des siècles, Bron fut administré non par des maires, mais par leurs ancêtres : les consuls. Regard sur une institution autrefois chère aux Brondillants.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°31 de Décembre 2023.

Dimanche 1er mai 1744. En ce jour qui n’est pas encore férié, mais chômé comme tout dimanche, les Brondillants sont venus en foule assister à la messe en l’église Saint-Denis. Puis, une fois la cérémonie terminée, ils sont rentrés chez eux. Enfin, pas tous. Les chefs de famille, eux, sont restés devant l’église, à l’emplacement de notre actuelle place Curial. Il y a là Denys Golguet, Alexandre Fournier, Quentin Blanc, et bien d’autres encore, « faisant la plus grande et majeure partie des habitants dudit Bron ». L’affaire est d’importance, car ils doivent élire leur nouveau « consul ». Deux candidats se présentent, et pas un de plus : Quentin Blanc, et Bernardin Puget, qui ont tous deux étés désignés par le consul sortant. Un autre Brondillant lorgnerait-il la place ? Halte-là ! Hors de question de ne point contrôler l’élection ! Les discussions s’engagent entre les chefs de famille, pesant au gramme près toutes les qualités et le moindre défaut des deux candidats. Puis l’on procède au vote. Quentin Blanc obtient huit voix, et Bernardin Puget trois voix. Soit seulement onze suffrages au total. Où sont donc passés les autres électeurs ? Halte-là ! L’affaire est trop sérieuse pour être laissée au premier venu ! A cette élection d’antan seuls les notables votent : les paysans aisés, et les fermiers des grands domaines de l’aristocratie et de la bourgeoisie lyonnaise. Les paysans pauvres, ceux que l’on appelle les journaliers, et qui composent l’essentiel de la population, n’ont pas voix au chapitre.

Voici donc Quentin Blanc propulsé consul. Pendant un an, c’est lui qui aura la charge d’administrer la « communauté d’habitants », l’ancêtre de notre commune actuelle. A ce titre, il appliquera les décisions prises par les chefs de famille lors de leurs assemblées dominicales – tout comme le maire applique de nos jours les décisions du conseil municipal. C’est aussi lui qui assistera les services du roi à Bron, en répondant notamment aux enquêtes officielles, en désignant les personnes chargées de percevoir les impôts royaux, et en organisant l’hébergement des troupes en déplacement sur la route de Grenoble. Le consul aura surtout à sa charge les intérêts collectifs des habitants. Ainsi, il veillera à ce que les bois de la commune, très entendus et essentiels aux Brondillants, ne soient pas surexploités par les bucherons, ni défrichés illégalement par un paysan désireux d’agrandir ses parcelles. L’éducation des enfants ? Elle est de son ressort, puisqu’il choisit lui-même le « régent des écoles », autrement dit l’instituteur. Un souci survient-il ? Quentin Blanc entamera au besoin un procès, comme ceux que Bron mena pendant des décennies contre Vénissieux, à propos de la propriété des bois. Enfin, le consul s’occupe aussi des affaires de la paroisse, en construisant et en entretenant le logement du curé, et en veillant au cimetière entourant l’église du village. Au vu de toutes ces responsabilités, vous comprenez donc mieux l’importance qu’avait autrefois le consul. Instituée à Bron au cours du Moyen Age, peut-être au 14e ou 15e siècle, cette fonction survécut sans problème à la Révolution. Elle changea simplement de nom, la première élection du maire ayant eu lieu en février 1790.

Aline Vallais
Sources : Archives du Rhône, E dépôt 256/2 et 29/6.

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