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La poste aux chevaux

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Carte de Cassini 1750-1780
© DR

Sous l’Ancien Régime et au 19e siècle, notre commune était connue par tous les voyageurs du fait de son relais, dans lequel s’arrêtaient les diligences.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°35 d'avril 2024.

Voici maintenant près d’une heure que les chevaux galopent sur la route royale. Partis de Lyon de bon matin, ils ont franchi le Rhône, traversé La Guillotière, grimpé la forte pente dominant Grange-Blanche, et les voici qui, maintenant, se rapprochent du village de Bron. Leur destination ? Grenoble, ou bien Le Pont-de-Beauvoisin, à la frontière de la Savoie, d’où ils poursuivront leur route jusqu’en terre étrangère, à Chambéry, voire jusqu’en Italie. Mais avant d’atteindre ces buts lointains, il leur faut impérativement s’arrêter, faute de quoi les bêtes épuisées risqueront l’accident. Pour ce faire, les services du roi ont implanté tous les 15 à 20 kilomètres un relais, la poste aux chevaux, dans lequel les montures peuvent être changées contre des bêtes fraîches, prêtes à poursuivre la route à grand galop.

La pause s'impose

Lorsque l’on quitte Lyon, le premier de ces relais se trouve justement à Bron. Une vieille carte dressée dans les années 1740-1750, l’Atlas de Trudaine, nous le montre. Il se dresse non pas près de l’église et donc au centre du village, mais au bord de la chaussée royale, au début de l’actuelle rue de Prévieux et à l’arrière de notre commissariat de police. Il se compose d’un grand bâtiment pouvant accueillir les voyageurs désirant prendre un peu de repos, et aussi d’écuries, le tout se trouvant dans un clos fermé par des murs ou des haies. Cette « vieille poste », comme la carte l’appelle, est alors tenue par un maître de poste suffisamment aisé pour posséder plusieurs chevaux ainsi que le relais, et qui est rémunéré par le roi. Ce service semi-public de la poste royale a été institué par Louis XI en 1464 pour acheminer le courrier, et prend aussi en charge des passagers depuis 1506. Les relais sur la route de Grenoble furent créés une trentaine d’années plus tard, mais Bron n’en bénéficia pas tout de suite, puisque le « Guide des chemins de France », édité en 1552, conseille encore aux voyageurs de s’arrêter au « chasteau de Bron, a gauche ».

Une ruche brondillante

Au 18e siècle, il faut imaginer le relais brondillant comme une ruche bourdonnante, qui s’activait à chaque arrivée de la « malle-poste » ou de la « Turgotine », comme l’on appelait alors la diligence perchée sur de hautes roues, tirée par au moins quatre chevaux et embarquant une huitaine de voyageurs. Tout un petit monde y travaillait : des servantes d’auberge, des palefreniers, des cochers, mais aussi des postillons - comme Louis Favel, originaire de Voreppe, et qui se maria en 1817 alors qu’il était « postillon à la poste de Bron chez le sieur Cuzin ». Ces postillons avaient pour charge de chevaucher sur le cheval de tête pour le faire aller plus vite, et étaient reconnaissables à leurs grandes bottes, les fameuses « bottes de sept lieues ». Vers le milieu du 18e siècle, tout ce personnel part s’installer à 2,5 kilomètres plus à l’est, sur le territoire de Saint-Priest. La grande route royale a en effet opté pour un tracé plus rectiligne et plus rapide, qui délaisse le chemin de Prévieux au profit de notre avenue Franklin-Roosevelt. Devenu san-priod, le relais n’en garde pas moins le titre de « poste de Bron », comme l’atteste l’Atlas de Trudaine, qui le montre en bordure de l’ancienne nationale 6, à côté de l’actuelle entrée de l’aéroport de Bron. Précisément à l’endroit que l’on appelle encore de nos jours, « La Poste aux Chevaux ».

Aline Vallais

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