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La quête d'amour de Marie Violet

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Refaire sa vie : c’est tout ce dont rêvait cette Brondillante du XVIIIe siècle. Mais son rêve vira au cauchemar.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°22 de février 2023.

Marie Violet avait tout pour elle. Après avoir épousé en 1767 Mathieu Dian, un vigneron de Bron, elle avait vécu dans une maison plutôt cossue, sans craindre le lendemain, et avait même hérité d’un petit pactole d’une tante, qui lui avait permis de compléter les « meubles meublant, bestiaux, charrettes et outils d’agriculture » du couple. Mais le décès de son mari, en 1786, vint tout bouleverser. Marie Violet-Dian se retrouva seule, entourée de ses sept enfants dont l’aîné, Christophe, allait sur ses 16 ans mais dont le cadet, Antoine, avait à peine un an. Allez donc dans ces conditions, prendre soin de la ferme et des vignes, tout en vous occupant de la maison. Ses gones avaient beau l’aider du mieux qu’ils pouvaient, les mauvaises herbes envahissaient son jardin, et ses moutons avaient un peu trop tendance à divaguer dans les champs des voisins.

L'amour est dans le pré

Aussi, Marie Violet se résolut-elle à prendre un domestique pour lui prêter main forte. Son choix se porta sur François Rousset. Cet homme était originaire de Villefontaine, tout à côté de La Verpillière, et était venu offrir ses services à Bron en 1783. Il avait alors 23 ans, et son travail donnant toute satisfaction, il décida de s’établir dans notre village. À eux deux, Marie Violet et François Rousset effectuèrent sans coup férir les moissons de 1788 puis les vendanges, permettant à l’argent de rentrer à nouveau dans la famille Dian. Marie Violet-Dian en fut extrêmement reconnaissante envers son domestique. Et celui-ci le lui rendit bien. Il devint très avenant. Et même entreprenant. Du haut de ses 42 ans, Marie commença à le regarder d’un autre oeil. Si seulement elle pouvait recommencer sa vie avec lui, tous ses soucis s’en iraient comme la brume du matin chassée par le soleil… François Rousset le compris vite, et fut de plus en plus hardi. « Sur la fin du mois de septembre dernier [1788, il] la pressa et sollicita tant, l’étant venue trouver dans son lit, qu’elle eut la faiblesse de succomber ».

La double vie de François Rousset

Alors ces deux-là s’aimèrent, Marie Violet accordant à François Rousset « ses dernières faveurs ». Jour après jour, ils répétèrent leurs « oeuvres charnelles », François promettant à Marie qu’il l’épouserait. Tant et si bien qu’en novembre 1788, Marie se retrouva enceinte. Son projet se réalisait. Mais la vie en décida autrement. Lorsque Marie demanda à François d’aller voir le curé pour convenir d’une date de mariage, celui-ci repoussa sans cesse la démarche, tandis que le ventre de Marie peu à peu s’arrondissait. Au village, les habitants commencèrent à jaser. Puis de bonnes âmes allèrent trouver Marie, et lui avouèrent la vérité. Son tourtereau ? Il s’était marié le 30 septembre 1788 avec une Brondillante, soit exactement lorsqu’il commença à faire la cour à Marie…

Le rêve s'effondre

Le rêve de la veuve Dian s’effondra. Et débuta pour elle un vrai chemin de croix. Les mères célibataires n’étaient pas si rares sous l’Ancien Régime, mais toutes étaient réprouvées. Pour obéir aux lois royales, Marie se rendit le 19 juin 1789 chez le notaire de Vénissieux pour faire une déclaration de grossesse, et raconta toute son histoire. François Rousset n’en eut cure : il venait juste d’avoir un enfant de sa femme légitime, né le 3 février 1789. Quant à Marie, elle accoucha Dieu sait où. Et ne se remaria jamais.

Aline Vallais

Sources : Archives du Rhône, 3 E 11477, 3 E 11495 et E dépôt 29/2.

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