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La naissance du parc de Parilly

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Construction du boulevard de ceinture à Parilly
Le creusement du boulevard de ceinture à Parilly, vers 1933
Collection Bibliiothèque municipale de Lyon

Joyau de notre ville, le parc de Parilly était déjà dans l’air du temps il y a bientôt cent ans.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]onjour n°04 d'Avril 2021.

Plan du parc de Parilly. Dessiné par l’architecte Paul Bellemain. Le projet initial d’avant-guerre prévoyait une rivière artificielle, un lac une patinoire, et même un zoo !
© DR

La lettre du préfet a mis monsieur le maire dans l’embarras. Envoyée le 22 septembre 1925, elle annule un projet de lotissement prévu chemin des Chasseurs, sur les hauteurs de Parilly. Mais il y a pire. Au détour d’une phrase, le représentant de l’Etat demande si la municipalité compte réaliser le grand parc prévu à Bron, dans le cadre du plan d’extension de la ville de Lyon. Stupeur de notre maire. Un parc ? Mais avec quel argent ? La commune devant déjà construire un groupe scolaire, des égouts, et installer la lumière dans tous les quartiers, elle n’a plus un sou en caisse ! Et enfin, pourquoi créerait-on un parc ? « Ce projet n’intéresse nullement la commune de Bron, qui possède encore suffisamment d’espaces libres et non construits pour assurer le bien-être général de ses ressortissants ». Ce faisant, monsieur le maire reprend exactement le raisonnement de son collègue new-yorkais, qui au 19e siècle estimait parfaitement inutile d’aménager un “Central Park” dans une ville cernée par la nature… Heureusement, le temps leur donna tort à tous les deux.

Après la deuxième Guerre mondiale, le projet de lac est abandonné. Quelques années plus tard, l’hippodrome prendra sa place. II sera inauguré le 1er mai 1965
© DR

À peine neuf ans plus tard, le 23 octobre 1934, le Conseil général du Rhône décide de créer le grand parc en question, après y avoir été invité par le préfet tout juste nommé dans le département, Emile Bollaert. Le parc de La Tête d’Or, presque déjà vieux d’un siècle, ne suffit en effet plus à aérer une agglomération qui pousse de tous côtés. Il faut d’urgence verdir la banlieue est, où l’accroissement démographique est le plus rapide. Et comme le maire l’avait justement souligné, Bron dispose encore « d’espaces libres et non construits ». C’est donc là, à cheval sur Vénissieux et sur notre commune, à l’endroit où pendant des siècles avait existé une vaste forêt, que l’on implantera ce poumon vert de la région lyonnaise. Sitôt dit, sitôt fait. Les achats et les expropriations sont menés à bride abattue, qui permettent de réunir pas moins de 210 hectares. Quant aux maisons du quartier, elles sont presque toutes détruites : 53 y passent, pour faire place nette. L’architecte désigné pour dessiner le parc, Paul Bellemain, peut alors donner libre cours à sa créativité. Le sommet de la colline, où la vue porte jusqu’aux montagnes, accueillera un jardin alpestre, et aussi une patinoire naturelle, lorsque l’hiver le voudra bien. En contrebas, une rivière artificielle alimentera un vaste lac, propice à la baignade et aux pique-niques. Plus au sud, la partie vénissiane verra fleurir un stade, un gymnase, une piscine, et une immense « pelouse d’éducation physique ». Cerise sur le gâteau, il y aura même un zoo, comme au bois de Vincennes, en région parisienne. Le tout bien sûr, noyé dans une ambiance forestière, pour laquelle on achètera 300.000 arbres (!) dans les monts du Lyonnais. Le premier coup de pioche est donné en 1937, les bulldozers entrent en action dans la foulée, mais tout s’arrête en 1939, à cause de la Seconde Guerre mondiale. Le jeune parc en sort laminé, ses arbres partis en fumée, ses pelouses cultivées par des jardins ouvriers. Il renait de ses cendres dès la Libération, au prix de quelques sacrifices liés aux difficultés de l’époque : plus de zoo, plus de lac. Mais qu’importe, l’essentiel était sauvé, le joyau put pousser en paix.

Aline Vallais

Sources : Archives de Bron, registre des délibérations municipales, 1925. Archives du Rhône, 694 W 349 et 354 à 356 ; 844 W 74 ; 3294 W 1.

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