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De Bron la Dauphinoise à Bron la Rhodanienne

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Bois de Bron sur carte Cassini (vers 1750)
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Bron affiche son identité sur son blason : un dauphin pour symboliser le Dauphiné, et un lion pour évoquer le Rhône. Est-ce à dire que notre ville a toujours été dauphinoise et rhodanienne ? Non, l’histoire n’est pas si simple.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°24 d'avril 2023.

Nous sommes en 1310, le « jeudi après la sainte-Madeleine ». Ce jour-là, au château de Saint-Georges d’Espéranche, la riche et puissante Catherine de Miolans, veuve de Jean de Chandieu et seigneur de presque toute la plaine de Lyon, vend les territoires qu’elle possède au comte de Savoie Amédée V. Bron, ou plutôt « Broentz », comme il est écrit sur le vieux parchemin, est incluse dans la vente et devient ainsi… savoyarde ! Pour peu de temps car quarante-cinq années plus tard, en 1355, le comte de Savoie échange tous ses villages situés entre Lyon et la Chartreuse, contre le Faucigny que possédait le Dauphiné. C’est par cet échange de 1355 que Bron devient dauphinoise. Et du même coup française, car six ans auparavant, en 1349, le dernier prince du Dauphiné, Humbert II, avait vendu sa principauté à la France.

Le Dauphiné servit de cadre à nos prédécesseurs brondillants pendant quatre siècles et demi, du XIVe au XVIIIe inclus. Ainsi, toutes les décisions concernant l’administration, les impôts, la justice ou encore les gens de guerre, étaient-elles prises dans sa capitale, à Grenoble, ou déléguées à Vienne, qui faisait office d’antenne locale du pouvoir provincial. Cette province du Dauphiné s’étendait depuis le fleuve du Rhône au nord et à l’ouest, jusqu’à la frontière de la Savoie et de l’Italie à l’est, et englobait les actuels départements de l’Isère, des Hautes-Alpes et pour partie du Rhône. Au sud, elle allait jusqu’aux portes du Vaucluse, à deux pas du Mont Ventoux, et contenait tout le département actuel de la Drôme. Faite aussi bien de montagnes que de plaines, de sapins que d’oliviers, cette province très contrastée était peuplée par 760.000 habitants à la fin du XVIIIe siècle, dont environ 400 Brondillants.

En passant par la Savoyarde

Arriva la Révolution française qui, en 1790, mit fin aux provinces et les découpa en départements. Le Dauphiné fut ainsi divisé en trois départements dont celui de l’Isère, qui en occupa toute la partie nord. Du jour au lendemain, Bron la Dauphinoise devint Bron l’Iséroise, la frontière du département de l’Isère suivant alors le boulevard Pinel, le long du Vinatier. Ce qui ne fut pas du tout pratique pour les Brondillants car, bien que très proches de Lyon, ils durent continuer pour nombre de démarches, à se rendre à Grenoble ou à Vienne. Pourtant, ils avaient des rapports quotidiens avec leur grande voisine : c’est à Lyon qu’ils vendaient les produits de leurs champs, à Lyon que vivaient aussi les propriétaires des grands domaines de la commune. La situation en fit bougonner plus d’un, au point que les réclamations ne tardèrent pas à fuser. Cette aberration dura une soixantaine d’années, jusqu’à ce que le 24 mars 1852, Bron change à nouveau de mains. La décision, cette fois, fut prise par l’empereur Napoléon III. Sa Majesté ne tolérait plus de voir la banlieue Est de Lyon profiter de l’éloignement de Grenoble pour contester son autorité. Trop de révoltes, trop de délinquance s’y déroulaient. Alors ni une ni deux, il détacha Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Vénissieux et Bron du département de l’Isère, pour les rattacher au département du Rhône. Bron devint ainsi rhodanienne. C’était il y a tout juste 170 ans.

Aline Vallais

Sources : Archives de l’Isère, B 3613.
Archives du Rhône, 1 M 77.

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