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Pour ne pas oublier les morts de la Grande Guerre

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Le monument aux morts de 1914-18 existe à Bron depuis maintenant cent ans. Quatre années d’efforts et de patience furent nécessaires à sa réalisation.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]onjour n°09 de novembre 2021.

A peine un mois et demi après l'Armistice. Il n’en aura pas fallu plus pour que le conseil municipal de Bron décide, le 27 décembre 1918, d’élever un monument aux morts de la Première Guerre mondiale. Et pour en financer la construction, les élus lancent une grande souscription, alimentée d’emblée par un premier versement municipal de 5 000 francs. Las, même si les Brondillants se retrouvent unanimes pour commémorer la fin de « la plus formidable et la plus injuste des guerres », l’argent peine à rentrer dans les caisses : en novembre 1919, elles ne contiennent qu’un peu plus de 10 000 francs, soit moins du quart du coût estimé du monument. Loin de se décourager, le conseil municipal et la population multiplient alors les initiatives ; l’on quête à domicile, tandis que des fêtes populaires alimentent la bonne cause. Celles d’avril 1922 voient ainsi la tombola, le concert de l’Amicale Boules, le tir à la carabine, le banquet et les dons en mains propres amener à eux seuls 10 000 francs, juste la somme qu’il faut pour boucler le budget.

Le monument, lui, n’a pas attendu cette échéance pour commencer à sortir de terre. L’on se chamaille bien un peu pour le choix de l’emplacement, entre le cimetière et une place publique, mais la première proposition emporte les suffrages. La construction débute à l’automne 1920, par un caveau destiné à accueillir les dépouilles des Poilus brondillants victimes du conflit.

La construction débute à l’automne 1920, par un caveau destiné à accueillir les dépouilles des Poilus brondillants

Le caveau collectif accueille neuf dépouilles de Poilus brondilants

En été 1921, l’on passe au socle, une base carrée de 8 mètres de côté et haute de quatre marches, oeuvre d’Henri Foriel, « entrepreneur de marbrerie pour monument funéraire » à Bron. Puis au printemps 1922, vient le tour de la pièce maîtresse : un obélisque de 6 mètres de haut, décoré au sommet et à sa base de couronnes de feuilles de chêne et de laurier, et portant sur ses quatre faces le nom des 73 Brondillants morts pour la France. Au centre de la pierre, tournée vers l’entrée du cimetière, une inscription en grandes lettres rappelle aux vivants et aux générations à venir la destination du monument : « Aux morts pour la Patrie, 1914-1918 ». Le tout s’avère simple, émouvant, sans être ni martial ni tonitruant.

Le tout s’avère simple, émouvant, sans être ni martial, ni tonitruant

Ici, point de fantassin courant sus à l’ennemi baïonnette au canon, point d’obus, point de coq gaulois claironnant la victoire. À peine voit-on, au pied de l’obélisque, un casque abandonné au sol, pour incarner tous ceux qui ont perdu la vie dans l’horrible conflit. Ainsi l’ont voulu les Brondillants, qui n’apportent pas une seule modification au projet déposé dès novembre 1920 par l’auteur de cette oeuvre : l’architecte communal, Théodore Revol. Quant à la pierre, un calcaire aussi immaculé que du marbre, elle a été extraite en Côte-d’Or, à Comblanchien, et a été sculptée par une entreprise de l’avenue Berthelot à Lyon. Ses six blocs ont coûté une fortune, 26 500 francs à eux seuls, mais le jeu en valait la chandelle car cent ans plus tard, le monument parait avoir été érigé hier.

Son inauguration intervient le 1er novembre 1922, dans la plus grande simplicité. « C’est ainsi en effet, qu’il appartient aux vivants d’honorer leurs glorieux morts », écrivit un député invité à la cérémonie.

Aline Vallais
Sources : Archives de Bron, délibérations municipales (1918-1923), et cartons DM 1114 et 1115.
Remerciements à J.M. Guillaud pour son aide.

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