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Les brigands de grand chemin

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La Révolution française ne fut pas de tout repos dans la région lyonnaise. Un peu partout, des bandes se formèrent, qui assassinèrent, pillèrent des fermes, ou détroussèrent des voyageurs aux bourses bien remplies.
Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°36 de mai 2024.

Voyez ce que déclarent nos voisins de Saint-Priest, en 1795 : « depuis quelque tems il se comet journellement des vols et assasins dans l’arrondissement du canton et aux environs, par des rassablements incroyable de Brigants ».  Bron ne fut évidemment pas épargné. En 1793, et plus exactement le soir du 18 novembre, sept ou huit individus entrèrent dans la grande salle du relais de diligences, implanté en bordure de la route de Lyon à Grenoble et à l’Italie. Là, ils se jetèrent sur son patron, le sieur Cuzin, le ligotèrent puis, les armes à la main, se rendirent maîtres des lieux. Se prétendant alors envoyés par les autorités révolutionnaires pour chercher des suspects, ils fouillèrent le bâtiment de fond en comble… Et firent main basse sur toutes les pièces d’or et tous les bijoux qu’ils purent dénicher !

Rattrapés à Villeurbanne

Son coup terminé, la bande s’éparpilla comme une volée de moineaux, en direction de Lyon. Le père Cuzin alla aussitôt demander du secours aux gardes nationaux de Bron, les ancêtres de nos policiers municipaux, qui à leur tour alertèrent leurs collègues villeurbannais. Bien leur en prit car, quelques heures plus tard, les malandrins furent retrouvés dans une auberge des Charpennes. L’on récupéra leur butin – l’équivalent du prix de plusieurs maisons ! – puis tous furent interrogés. Il y avait là un vigneron de Miribel, surnommé « Vent de Bise », et surtout des ouvriers lyonnais, canuts pour la plupart. Ils furent jetés au cachot, puis condamnés en février 1794 par le tribunal de Grenoble, dont dépendait Bron à l’époque.

Des méfaits à répétition

Un fait isolé ? Pas du tout. Quatre ans après, le 29 juillet 1797, deux gendarmes de Saint-Laurent-de-Mure se font attaquer sur la route royale alors qu’ils traversaient Bron en compagnie d’un « ci-devant noble », Vincent Le Groing de La Romagère, alors recherché par la justice. Cette fois, c’est un groupe de 25 hommes qui se trouve en travers de leur chemin, et qui arrête leur carrosse. Tous ayant des fusils ou des pistolets, la lutte est inégale, d’autant que des coups de feu sont bientôt tirés. Vaincus, les gendarmes remettent leur prisonnier, puis s’enfuient à toutes jambes « du côté de Bron pour demander main forte ». Mais personne ne leur vient en aide. Pire, « grand nombre de citoyens ont apperçu dans la journée plusieurs de ces scélérats qui se promenoient dans les bois et sur la route ».

Une délinquance bien lyonnaise

Les Brondillants se méfient en effet de ces hors-la-loi comme de la peste. Car cette criminalité ne vient pas d’eux : elle est presque toujours le fait de Lyonnais. Tout comme Saint-Priest, Villeurbanne ou encore Vénissieux, qui souffrent des mêmes maux, Bron paye en réalité sa grande proximité d’avec Lyon. C’est effectivement dans les auberges brondillantes, ou dans le secret du grand bois qui couvre alors une partie de notre commune, que nos voisins viennent tramer leurs mauvais coups. Les brigands y sont d’autant plus à l’abri de la police lyonnaise que Bron se situe alors dans le département de l’Isère et non dans celui du Rhône, et est donc hors de portée des pandores de la grande ville. Ce sera d’ailleurs l’un des motifs de la réunion de Bron au département du Rhône, en 1852.

Aline Vallais

Sources : Archives de l’Isère, L 1552, L 89, L 112 à 119.

 

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