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1966, la catastrophe de Feyzin endeuille Bron

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© Fonds Georges Vermard Bibliothèque municipale de Lyon

L’explosion de la raffinerie de Feyzin est encore dans toutes les mémoires. Mais ce que l’on sait moins, c’est que cette catastrophe fit aussi des victimes brondillantes.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]onjour n°11 de janvier 2022.

La raffinerie de Feyzin a explosée le 4 janvier 1966. Cette catastrophe a fait 18 morts, dont 11 pompiers et une centaine de blessés. Au-delà de la raffinerie, les dégâts matériels incluent des toitures endommagées jusqu’à 2,2 km.
© Fonds Georges Vermard Bibliothèque municipale de Lyon

Mardi 4 janvier 1966. Comme chaque jour, Henri Pic et Jean Giganon, deux Brondillants habitant la rue du Parc, aux Essarts, prennent leur service à la raffinerie de Feyzin, où ils sont employés. L’usine, bien qu’un peu critiquée pour les mauvaises odeurs qu’elle dégage parfois sur l’agglomération, fait alors la fierté des Lyonnais. Construite à partir de 1962 et entrée en service en 1964, elle incarne en effet la modernité conquérante des Trente Glorieuses, et constitue l’un des fleurons de l’industrie française : elle transforme près de 4 millions de tonnes de pétrole par an en carburant pour les véhicules, et aussi en produits chimiques destinés à l’industrie, notamment pour la fabrication des plastiques. Très automatisé pour l’époque, le site de Feyzin emploie alors 300 salariés.

Dans les années 60, l’usine de Feyzin incarne la modernité conquérante des Trente Glorieuses. L’un des fleurons de l’industrie française.

Au premier plan un policier à moto. Au fond les cuves sont en feu.
© Fonds Georges Vermard Bibliothèque municipale de Lyon

Ce 4 janvier 1966, à 6h40 du matin, alors qu’il fait encore nuit noire, deux d’entre eux s’apprêtent à ouvrir une vanne sous une énorme sphère contenant 348 tonnes de propane. Mais l’opération tourne mal. L’un des opérateurs est aspergé par un jet de gaz, et ne parvient pas à refermer la vanne. Le propane se répand à la vitesse d’un cheval au galop, couvrant en moins d’une demi-heure une surface de trois hectares, débordant déjà hors de la raffinerie. L’alerte est donnée. Quelques minutes après, une voiture qui circulait au-delà de l’autoroute, déclenche l’incendie de la nappe de gaz. Les pompiers de Lyon sont appelés à la rescousse, et bientôt ceux de Vienne, tandis que les sirènes d’alarme hurlent dans la raffinerie. Nos deux concitoyens, Henri Pic et Jean Giganon, se ruent sur les lieux.

À Feyzin, plus de 500 maisons, appartements, commerces, ateliers sont endommagés. Sur place, le bilan humain est lourd.

© Fonds Georges Vermard Bibliothèque municipale de Lyon

Une heure et demie après le début de la fuite, ce sont pas moins de 110 hommes, employés et pompiers confondus, qui luttent contre l’incendie. Quand survient l’impensable : à 8h50, une gigantesque explosion retentit dans toute l’agglomération lyonnaise. La sphère de propane vient d’éclater, noyant hommes et matériel dans une mer de flammes. Le souffle de l’explosion, suivie par plusieurs autres, provoque des dégâts jusqu’à Vienne, tandis que dans la ville de Feyzin, plus de 500 maisons, appartements, commerces, ateliers sont endommagés. Sur place, le bilan humain est très lourd : 89 personnes sont plus ou moins grièvement blessées, et 11 sont décédées instantanément, dont Henri Pic et Jean Giganon. Sept autres personnes succomberont peu après de leurs blessures.

© Fonds Georges Vermard Bibliothèque municipale de Lyon

À Bron, c’est la stupeur. À l’effroi causé par le bruit des explosions et par les pertes humaines, s’ajoute la tristesse d’avoir perdu deux concitoyens. Le soir même de la catastrophe, le maire de Bron, Sigismond Brissy, se rend à Feyzin afin de se recueillir dans une chapelle ardente accueillant les corps des victimes, en compagnie des personnalités de l’agglomération et du ministre de l’Industrie. Puis ilassiste le lendemain, toujours à Feyzin, à la messe donnée pour les obsèques des deux Brondillants. Enfin le 8 janvier, ont lieu à Lyon les funérailles « des pompiers lyonnais qui sont aussi les nôtres », tandis que, dans les rues, une foule nombreuse assiste au passage du convoi. Le temps du deuil commence.

Aline Vallais
Sources : Archives de Bron, registre des délibérations municipales, 1966. T. Giraud et J. Monin, Feyzin, mémoires d’une catastrophe, éditions Lieux
dits, 2005.

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