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Le domaine des Essarts

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Chapelle de Notre- Dame-de- Lourdes, aux Essarts
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Avant de devenir un quartier de Bron, Les Essarts furent un grand domaine de l’aristocratie brondillante, aux portes d’une forêt à l’origine même de son nom.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]onjour n°10 de décembre 2021.

Chapelle de Notre- Dame-de- Lourdes, aux Essarts

Nous sommes au Moyen Age, peut-être au 12e siècle, peut-être au 15e, nul ne le sait. Une troupe de paysans abat des arbres dans la forêt couvrant alors le sud-ouest de Bron. À grands coups de haches, ils ouvrent une clairière pour la rendre cultivable - ils « essartent » comme l’on dit en ancien français. Ce défrichage donne son nom au terroir qui nait sous leurs outils, Les Essarts. Bien des générations plus tard, au début du 17e siècle, « noble Gaspard de Laube, seigneur de Bron, gentilhomme ordinaire de la maison du Roy », décide de partager ses biens entre ses deux fils, Jean et Philibert. À l’aîné, Jean, il donne son château ou plutôt sa maison forte, située près de l’église Saint-Denis, et le titre de seigneur de Bron. Quant au fils cadet, il obtient une partie de la seigneurie, partie dont il portera désormais le nom : « Philibert de Laube, sieur des Essars ». La clairière devient ainsi un domaine noble, et s’inscrit dès lors comme tel dans l’histoire brondillante. Avec sa femme Françoise de Courtines, Philibert de Laube des Essarts s’efforce de tenir le rang qui sied à un aristocrate.

Chapelle de Notre- Dame-de- Lourdes, aux Essarts
© DR

En 1655, le couple se trouve à la tête d’un patrimoine immobilier étendu sur 43 hectares d’un seul tenant, sis « au Mas de Parilier et des Essards » et comprenant, outre leur maison aux allures de manoir, des parcelles de bois, de champs de blé, de prés et de vignes. Le tout est cultivé par deux fermiers ou plutôt des « grangiers », pour employer le parler brondillant, comme Joseph Rambeur en 1700, et plus tard Pierre Callemard et Jean Chausson, qui donnent chaque année à leurs propriétaires la moitié des récoltes et la moitié des agneaux nouveau-nés. Car dans cette partie de Bron, l’on élève force moutons : en 1739, les troupeaux des deux grangiers réunis comptent pas moins de 800 bêtes !

La Dame des Essarts

Le domaine des Essarts aujourd’hui, aile sud
© DR

Françoise de Courtines se retrouve seule vers 1660-1670. Son mari, Philibert de Laube, s’est éteint, tandis que les enfants du couple sont tous morts à un jeune âge. La « dame des Essarts » n’en mène pas moins son domaine d’une main de maître. Ainsi n’hésite-t-elle pas, en 1673, à entamer un procès contre les habitants de Vénissieux, qui voudraient faire paître leurs troupeaux sur ses terres. L’affaire fait grand bruit, provoque sans doute bien des bagarres, et se termine par un statu quo quelques années plus tard. Puis la dame des Essarts s’efface à son tour. Elle meurt le 1er octobre 1702, « agée d’environ quatre vingt et douze ans », et est inhumée dans l’église de Bron en présence de son parent par alliance, « messire Gaspard de Montquin ». À partir de cette date et pendant tout le 18e siècle, le domaine des Essarts échoit à la famille de Montquin. Il passera à la fin du 18e et au 19e siècle, entre les mains de familles bourgeoises, comme les Lyonnais Fleury et Jean Doyen, qui le détiennent en 1812 et qui, avec 160 hectares au soleil, s’avèrent les plus gros propriétaires de la commune.

Enfin, il devient en 1940 la propriété du diocèse de Lyon, alors que le 20e siècle voit le quartier des Essarts se couvrir de maisons, remplaçant les champs de blé et les pâturages à moutons. Le souvenir de l’ancien domaine noble n’a pas pour autant complètement disparu. Il en demeure l’avenue Camille-Rousset, héritière de la belle allée plantée d’arbres qui l’unissait à la maison forte de Bron. Et, surtout, le manoir lui-même.

Aline Vallais
Sources : Archives du Rhône, E dépôt 29/1, Es 33, 34, 55, 215. Archives de Bron, cadastre de 1812. Atlas de Trudaine, vers 1750.

Le Quartier des Essarts et ses champs, à Bron, au début du XXe siècle
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