Etape 4 - Le tramway version retro

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C'est en 1856, au temps de l'empereur Napoléon III, que germe le premier projet de réseau de tramways dans l’agglomération lyonnaise. Et déjà, Bron figure parmi les destinations… du moins sur le papier, car du voeu à la réalité il y a un grand fossé. La construction de la ligne s’avère vite très coûteuse, et soulève tellement de contestations sur son tracé que plusieurs sociétés s’y cassent les dents. Enfin en 1887, la Compagnie Lyonnaise des Tramways pose les premiers rails. La « 24 », comme on l’appellera plus tard, sera desservie par trois trains de deux wagons chacun, tirés par des locomotives à chaudière à vapeur – des sortes de « cocottes minute », qui rechargeront leur ballon d’eau chaude à des stations fixes. Ces trains effectueront 30 allers et retours par jour, à la vitesse de 20 kms/h. Leur ballet commencera aux Cordeliers, empruntera le cours de la Liberté, le boulevard de la Part-Dieu puis l’avenue Lacassagne jusqu’au terminus de la ligne… devant l’hôpital du Vinatier, et non en plein centre de Bron. La réaction des Brondillants ne se fait pas attendre : ils ne décolèrent pas. La municipalité multiplie les réunions publiques, tandis que le maire frappe à toutes les portes officielles : « nous avons reçu à plusieurs reprises la visite de M. le Maire de Bron qui venait pour nous entretenir du prolongement jusqu’au chef-lieu », écrit d’un ton lassé l’ingénieur en chef du département. Les démarches du maire restent vaines ; en 1889, la ligne de « l’Asile de Bron » est ouverte à la circulation. Si la bataille est perdue, la guerre ne fait que commencer ; pendant des années, les pétitions pleuvent sur les autorités comme des orages d’été.

 

Enfin le 6 août 1897, le Président de la République Félix Faure accorde aux Brondillants ce qu’ils réclamaient à cor et à cri, le prolongement de la ligne jusqu’au centre de la commune. Les ouvriers prennent aussitôt pelles et pioches et viennent à bout du chantier dans des délais records : en janvier 1898, soit six mois après le décret présidentiel, 1,9 kilomètre de rails sont ouverts à la circulation. Pour la première fois dans l’histoire, le tram roule sur la route de Grenoble (l’avenue Franklin-Roosevelt) et s’arrête devant la mairie, où a été fixé son nouveau terminus. Ce petit bout de voie ferrée suffit à bouleverser l’existence du village. Bron se trouve désormais à quelques dizaines de minutes de Lyon, ce qui attire les ouvriers et les ménages modestes à la recherche d’un logement bon marché ; en 15 ans la population passe ainsi de 2600 à 4100 habitants, qui transforment l’ancienne paroisse campagnarde en une ville nouvelle.

 

Très vite habitués à leur tramway, les Brondillants pétitionnent contre lui dès 1899. « Les voitures actuelles ne comportent pas de places assises en seconde classe », se plaignent-ils ; pire, les wagons « buffalos » sont dépourvus de toit et de fenêtres, et exposent leurs passagers aux froideurs de l’hiver – qu’on les ferme et qu’on les chauffe ! Quant aux locomotives à eau chaude, elles s’essoufflent avant leur arrivée et doivent être changées à chaque trajet. Rallier Lyon dans ces conditions tourne à l’expédition interminable. Donnez-nous des tramways électriques ! « Un départ toutes les dix minutes » ! Et baissez les tarifs ! A 10 centimes le ticket, et même 15 en première classe, la compagnie vide nos porte-monnaie…

 

Les plaintes des usagers sont entendues. En 1904 les machines électriques remplacent les marmites à vapeur, malgré les inquiétudes causées par des affiches alarmistes : « si l’un de ces fils ou câbles se rompt et tombe à terre, il TUE net la personne ou le cheval qu’il peut heurter ; à Brooklyn par exemple, il y a en moyenne une personne tuée par jour » ! L’électricité ayant un prix, le ticket augmente de 50 % d’un coup. Mais pour 15 centimes, les Brondillants des années 1900 gagnent maintenant les Cordeliers en seulement 35 minutes, soit peu ou prou le même temps qu’aujourd’hui. Leur « 24 », dont la ligne se reconnaît aux « plaques indicatives à fond bleu et lettres blanches », circule dès 5 heures du matin et jusqu’à 20 heures, au rythme d’un passage toutes les 15 minutes. Ses voitures à la grande perche dressée vers le ciel font la fierté des habitants et posent devant les photographes. Clic-clac ! En voici une immortalisée sur les cartes-postales de l’époque, avec son chauffeur et son contrôleur, des passagers en canotiers et des charrettes circulant sur la route. Un chien aboie au passage des chevaux, comme s’il voulait les éloigner des rails du progrès.

 

Contre toute attente, ce tram des Années folles fut victime de son succès. Ses voitures remplies à ras bord ne pouvant pas être agrandies, et sa ligne saturée s'avérant incapable de supporter un trafic plus dense, l’ancêtre des TCL acheta une cinquantaine de bus pour doubler les rames aux heures de pointe. Bron reçut les siens en 1932. Vous vous doutez de la suite. D’abord conçu comme un pis-aller au tram, le bus finit par lui ravir la première place puis signa son arrêt de mort. Le dernier tram brondillant fut retiré de la circulation en 1950… Avant de revenir parader dans nos rues un demi-siècle plus tard.

 

Pour aller à l'étape suivante :

  • Tram T2 ou T5, arrêt Les Alizés.
  • Depuis l'hôtel-de-ville, continuer de marcher en direction de l'aéroport, jusqu'au carrefour de l'avenue Franklin-Roosevelt et de la rue de Prévieux, à la pointe du commissariat de police. Cette rue de Prévieux suit le tracé de l'ancienne voie romaine de Lyon à l'Italie.

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