Mémoire
Station de tramway Boutasse – Camille Rousset

Aujourd'hui, il peut être l'objet de critiques, vécu comme une fracture dans la ville, trop polluant, trop bruyant...Et pourtant ... il a contribué au développement de Bron, et de l'Est de l'agglomération. Et pourtant ... chacun l’utilise ou l'a utilisé. Mais les temps ont changé, les besoins et les regards aussi. Revenons au tout début où le boulevard Laurent Bonnevay  n’avait  pas été voulu ainsi par ses concepteurs. En lieu et place de cet axe de goudron, ils rêvaient de progrès, de verdure, de jeux et d’esthétique… Sans doute, juste raccord de l'histoire, peut-il être regardé autrement, depuis les étages supérieurs de la Médiathèque Jean Prévost, comme un film d'animation, ou un objet que l'on pourrait enfin appréhender et maîtriser.... 

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Etape 3 - Le boulevard Laurent Bonnevay

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L’histoire commence en 1928. La Première guerre mondiale, avec ses chars, ses avions, ses canons capables d’envoyer des obus à 40 kilomètres, a rendu obsolètes les fortifications de pierre. L’armée a abandonné depuis plusieurs années déjà le rempart qui ceinture Lyon, Villeurbanne et une partie de Bron. Le maire de la ville, Edouard Herriot, et le président du Conseil Général, Laurent Bonnevay, veulent utiliser la longue bande de terrain qu’occupe ce mur d’enceinte à travers l’est de l’agglomération. Ils souhaitent aménager sur son tracé le même boulevard circulaire qu’à Paris ou à Vienne en Autriche ; un « ring », comme on disait à l’époque, qui relierait toutes les voies de pénétration à Lyon et faciliterait la circulation entre les quartiers. Ce projet embellirait aussi la banlieue, qui "se développe avec une extrême rapidité mais avec malheureusement peu de méthode" ; il "assurerait un développement rationnel qui, sans cela, risquerait de se finir d’une façon moins ordonnée".

 

Sitôt dit et presque sitôt fait. En mai 1928, le Conseil Général vote à l’unanimité le principe de la création du "Boulevard de Ceinture". Ingénieurs et dessinateurs se mettent au travail. L’avenue ira du parc de la Tête d’Or jusqu’au futur port de Gerland et aura 13.788 mètres de long. Elle sera monumentale, évidemment. Sa largeur atteindra 46 mètres et pourra aller jusqu’à 60 mètres en traversant Bron. Des espaces verts seront disposés aux principaux carrefours et à l’emplacement des anciens bastions des fortifications : il y en aura deux à Parilly, un troisième au croisement de l'avenue Franklin-Roosevelt et enfin un quatrième formant un rond-point gigantesque (150 mètres de diamètre !), à hauteur des Essarts. Les véhicules – voitures et chevaux confondus – circuleront sur deux chaussées bordées de trottoirs immenses et séparées par une bande de 21 mètres de large. Sur cette bande médiane, les ingénieurs prévoient d’installer des jardins, des massifs de fleurs et même… des terrains de jeu pour les enfants. Hélas, ce décor ne vit pas le jour, un élu ayant fait remarquer que 14 kilomètres de jardins d’enfants donneraient une impression de monotonie aux usagers du boulevard. On préféra les remplacer par des rangées de platanes, probablement jugées moins uniformes.

 

Une fois les plans mis au point, le Conseil Général du Rhône entama l’achat des terrains nécessaires à la réalisation du projet. En à peine un an, les deux tiers avaient déjà été acquis, soit 82 hectares pour la modique somme de 16 millions de francs. Le tiers restant fut nettement plus dur à obtenir ; les propriétaires se montrèrent réticents et firent traîner les choses jusqu’à la fin de 1934. Devinez où les tractations furent les plus difficiles ? A Bron ! Il faut dire que le chantier allait priver des centaines de familles d’un champ, d’un bout de jardin voire de leur maison. Ainsi à Parilly, les époux Quentin perdirent à la fois leur domicile et leur entreprise d’horticulture, installée rue des Balmes.

 

Les travaux eux-mêmes débutèrent en novembre 1931, lorsque les expropriations furent suffisamment avancées. Les ouvriers commencèrent par détruire l’ancien mur d’enceinte puis tantôt creusèrent, tantôt remblayèrent afin de  laisser place à la chaussée. Le tout fut mené avec des moyens à peine concevables aujourd’hui : des pelles, des pioches, des brouettes et des carrioles attelées à des chevaux réquisitionnés auprès des paysans des environs ! La main-d’œuvre ne fit pas défaut, loin de là : la crise économique faisait rage depuis 1929, et la construction du boulevard était conçue comme un moyen de lutter contre le chômage. En 1933, 319 personnes travaillaient ainsi sur cet immense chantier. Les fonds manquèrent un temps mais l’Etat, les banques et le département finirent par débloquer les 47 millions nécessaires au projet. A la fin de 1934, "la construction des chaussées et des tronçons importants du nouveau boulevard" était assez avancée pour qu’ils puissent "très prochainement être livrés à la circulation". La résistance des Brondillants freina les choses pendant plusieurs années encore, puis la deuxième guerre mondiale, au point que l’ensemble du périphérique ne fut inauguré officiellement qu’en mai 1960.

 

On connaît la suite. Les chevaux disparurent au profit d’un flot ininterrompu de voitures - il en circule 140.000 chaque jour. Les arbres furent coupés. A partir de 1970, le boulevard devint une autoroute urbaine. Les places circulaires furent remplacées par des viaducs gris. Elles ne subsistent plus que dans les souvenirs des enfants de l’époque : pour eux, ces grands ronds de gazon étaient les boucles de la ceinture

 

Pour aller à l'étape suivante :

  • Tram T2 ou T5, arrêt Hôtel de Ville.
  • Depuis l'arrêt de tram Boutasse, continuer à marcher le long de l'avenue Franklin-Roosevelt, jusqu'à l'arrêt Hôtel de Ville.

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Illustrations

  1. Vignette
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  2. Vignette
    Plan du rond-point projeté aux Essarts, à l’emplacement d’un bastion du rempart
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  3. Vignette
    Le creusement du boulevard de ceinture à Parilly, vers 1933
    Collection Bibliiothèque municipale de Lyon
  4. Vignette
    Carte postale du boulevard de ceinture dans les années 1960
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