
Aux abords de la place Curial, à Terraillon, à Parilly, près des Brosses, et sans doute en d’autres lieux encore : jusqu’à une date pas très éloignée, le territoire brondillant était percé de nombreuses carrières. Mais pour quoi faire ?
Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°49 de juillet 2025.
Une plaie ! Il n’est pas un habitant, pas un seul élu au conseil municipal, qui ne se soit plaint au moins mille fois dans sa vie, du mauvais état des chemins brondillants. Eux qui permettent de desservir les différents quartiers de la commune, ainsi que les bois et les champs de blé, se retrouvent, dès la première pluie, transformés en bourbiers dans lesquels les charrettes et les chevaux s’enfoncent sans pouvoir avancer. Allez donc, face à ces mers de boue, cultiver les terres, ou même simplement vous déplacer sans arriver crottés jusqu’à mi-mollets. Impossible ! La seule solution à ce problème consiste à empierrer les chemins sur une bonne épaisseur. Mais encore faut-il pour cela, disposer des matières nécessaires : de bons et gros galets, des petites pierres, voire à la rigueur du gravier. Ces trésors existent bel et bien à Bron, mais ils se trouvent en profondeur, notamment sous les plaines entourant les collines du centre-ville.
Une première, puis rapidement une deuxième
Qu’à cela ne tienne, on ira donc les chercher sous terre. Prenant le problème à bras le corps, le conseil municipal décide en 1839 d’acheter un terrain « propre a former une carrière de gravier ». Des propriétaires sont démarchés, dont Jean-Pierre Gayet, qui accepte de vendre une parcelle située en contrebas de l’église Saint-Denis, grande de 4600 m2, et pour laquelle il demande 900 francs. Malgré l’importance de la somme, maire et conseillers ne se ruent pas moins sur l’occasion. Ils sont tellement pressés qu’ils obtiennent de Gayet l’autorisation d’extraire les pierres séance tenante, avant même de passer devant notaire ! Année après année, cette carrière communale permet de changer les bourbiers en chemins dignes de ce nom. Les plaintes, enfin, cessent. Tant et si bien qu’en 1875, le conseil municipal décide d’acheter une deuxième carrière à Parilly, puis une troisième en 1884, aux Sept-Chemins, le long de l’actuelle avenue Salvador-Allende. D’abord étendue sur 2300 m2 puis de plus en plus grande, cette nouvelle carrière communale se voit équipée d’un baraquement en planches, afin d’abriter les cantonniers qui, à leurs heures perdues, viennent ici pour casser des cailloux, comme des forçats ou des Dalton avant l’heure.
Attention zone dangereuse
Mais cette carrière cause des soucis au maire car certains entrepreneurs peu scrupuleux, et même des particuliers, viennent s’y servir sans bourse délier, pour les besoins de leurs cours de fermes ou pour monter des murs. Qu’à cela ne tienne, on leur vendra donc les pierres, moyennant 30 centimes le mètre cube. Cette affaire de carrières finit donc par devenir pour la commune une petite mine d’or. Elles plaisent aussi à nos gones, qui viennent y jouer comme sur des terrains d’aventures. A tel point qu’en 1936, « une catastrophe est à craindre » : les « nombreux enfants qui s’ébattent sur les pentes de la carrière inexploitée, en bordure du boulevard de ceinture à proximité des Brosses », pourraient s’y rompre le cou. L’on y remédia donc. Le Bron du 20e siècle était devenu une ville, et l’existence de carrières dans ses rues constituait à présent un danger. L’heure de leur fermeture définitive approchait. Quoique, en y regardant bien… Il en reste encore une !
Aline Vallais
Sources : Archives de Bron, registres des délibérations municipales, 1838-1936