
Née au cours du Moyen Age, la commune de Bron a généré moult archives pendant des siècles, gardant en mémoire des pans entiers de son histoire.
Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°50 de septembre 2025.
Le temps a bruni la reliure de ce très vieux registre. Il contient en ses pages le plus ancien document original que la commune de Bron nous ait légué. De quand date-il exactement ? Sa première page nous le révèle : du « 19e jour de septembre 1589 », soit il y a presque 450 ans, alors que le roi Henri IV venait tout juste de monter sur le trône. Et, je vous le donne en mille, il s’agit… d’un document fiscal, déjà ! Un rôle de taille, pour être précis. En une dizaine de pages, il contient la liste des chefs de famille assujettis à la taille, le principal impôt royal, soit en tout 82 personnes. Les noms de ces Brondillants d’antan défilent – Loys Guigard, Eymard Beraud, Jehan Cholat, Anthoynette Rey... -, avec en face les sommes qu’ils ont payées, parfois à peine 2 sols pour les plus pauvres, mais jusqu’à 2 écus et 41 sols pour les plus nantis.
Des traces de procès et d’abandon
Les documents brondillants remontant au 16e siècle sont rares mais, vers le milieu du 17e siècle, ils deviennent nettement plus nombreux et plus diversifiés, comme si notre commune s’était dotée à ce moment-là d’une administration plus étoffée ou, à tout le moins, d’un bon et grand coffre pour conserver ses archives. Alors apparait le parcellaire (1655), l’ancêtre du cadastre qui, à l’intérieur d’un registre monumental, décrit la moindre parcelle du village et permet de reconstituer ses paysages. Fleurissent aussi les procès-verbaux de l’assemblée des chefs de famille, qui faisait office de conseil municipal, ainsi que les comptes de la commune, ses recettes et ses dépenses, les devis qui lui ont été adressés, notamment pour les réparations de l’église. L’on trouve encore des pièces de procès, comme celui mené contre nos voisins de La Guillotière de 1644 à 1648 – au moins, celui-ci n’a pas duré des siècles, contrairement au procès qui opposa Bron à Vénissieux, à propos de la propriété des bois de Parilly. Et puis, versés à la commune en 1792, figurent les registres tenus par le curé, sur lesquels il inscrivait les baptêmes, les mariages et les enterrements de ses paroissiens ; les passionnés de généalogie s’en régalent, d’autant plus qu’ils remontent à 1642. Mais le document le plus touchant demeure un tout petit bout de papier, d’à peine quelques centimètres de long : celui qu’une mère a accroché en 1766 sur le bonnet de son bébé, juste avant de l’abandonner au bord d’un chemin. L’enfant s’appelait François, et fut recueilli par des passants…
Des archives accessibles à tous
Toutes ces archives furent soigneusement conservées par la longue liste de « consuls » puis de maires qui se succédèrent à la tête de Bron pendant des siècles, malgré tous les avatars et toutes les guerres que notre commune endura. Puis en 1930, le conseil municipal autorisa le maire de l’époque, Louis Ailloud, à déposer aux Archives départementales du Rhône les documents les plus anciens. Ainsi fut fait : après une visite d’inspection de l’archiviste en chef du département, qui fut l’occasion de féliciter chaudement l’agent municipal en charge de nos trésors, les archives brondillantes antérieures à l’année 1800 rejoignirent Lyon. Elles s’y trouvent toujours, non loin de la gare de La Part-Dieu, où tout un chacun peut librement les consulter. Avis aux amateurs !
Aline Vallais
Sources : Archives du Rhône, E dépôt 29/1 à 29/28. Archives de Bron, registres des délibérations municipales, 1838 à 1937.