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Des livres pour nos gones

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Photographie en noir et blanc représentant un empilement de livres anciens. Le fond de l'image est flou, quelques livres sont tâchés.
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En 1884, le ministre de l’Instruction Publique dote Bron d’une bibliothèque scolaire. Une page se tourne pour les élèves d’hier.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°47 de mai 2025.

En cette IIIe République toute jeunette, l’école était en pleine gloire. Comme dans la classe de Joseph Pagnol, le père de Marcel, elle accueillait tous les enfants du village, venus apprendre à lire, à écrire et à compter sous la férule d’un maître qui, dans notre région, était souvent originaire du Massif central ou des Hautes-Alpes. Ces « hussards noirs », comme on les surnomma, veillaient aussi à former leurs élèves en histoire, en science, en géographie, en littérature même. Ils donnaient le goût de l’instruction aux enfants, et ceux-ci le leur rendaient bien. Mais pour aller de l’avant, encore fallait-il des livres. Aussi, le ministre de l’Instruction Publique décida-t-il, en 1884, de doter chaque école communale d’une collection d’ouvrages, destinée à permettre la création d’une bibliothèque scolaire.

Prime à l’Histoire

Sitôt dit, sitôt fait. Dans les premiers jours de 1885, l’école de Bron, alors située avenue Franklin-Roosevelt, presque en face de la mairie actuelle, reçoit une caisse contenant 22 livres. Leur liste nous est parvenue. Avec 6 volumes sur 22, l’histoire se taille la part du lion. Les enfants découvrent ainsi l’Histoire de France, en commençant bien évidemment par « Nos ancêtres les Gaulois », mais aussi l’Histoire du Moyen Age, peuplée de châteaux et de chevaliers, ainsi que l’antiquité, à travers la Grèce Ancienne. Ils peuvent ainsi connaître leurs racines, et surtout s’inspirer des modèles du passé, comme avec le Journal d’un volontaire de 1792, ou La jeunesse des hommes célèbres. En ces temps suivant de peu la perte de l’Alsace et de la Lorraine, lors de la funeste guerre menée contre la Prusse en 1870, les arrière-pensées politiques ne sont pas absentes de cette bibliothèque scolaire. L’on donne ainsi à lire aux enfants Un fils de l’Alsace : Kléber, tandis qu’on leur enseigne aussi le culte de l’empire colonial français, avec des livres sur l’Algérie, et d’autres sur les explorations menées à travers le Sahara (La mission Flatters, par Henri Brosselard).

Et une petite place pour la détente

Heureusement, nos gones d’il y a 140 ans ont quand même droit à des lectures plus récréatives. Sept ouvrages sur les 22 envoyés par le ministre, sont des romans extrêmement populaires à l’époque : comme Paul et Virginie, de Bernardin de Saint-Pierre, ou François le Champi, de George Sand. Tous ouvrent la porte à des aventures extraordinaires et se déroulent souvent dans des mondes exotiques : avec Les Robinsons de terre ferme, du capitaine Thomas Mayne Reid, les petits brondillants suivent ainsi les tribulations d’une famille en plein Far-West, tandis qu’avec L’enfant des bois, d’Elie Berthet, ils se retrouvent projetés dans la jungle de Sumatra, en quête d’un petit garçon enlevé par des orangs-outans. Mais là encore, la pédagogie demeure fortement présente : l’on attend de ces héros qu’ils servent d’exemples à suivre pour nos enfants de paysans d’antan. Enfin, la liste des livres de la bibliothèque scolaire s’achève avec deux ouvrages en rapport direct avec l’activité principale des parents, l’agriculture. Le Traité pratique de chimie et de géologie agricole, paru en 1880, ainsi que la Culture maraîchère, traité pratique pour le midi, le centre de la France et pour l’Algérie, sont destinés à faire progresser l’exploitation familiale afin que tous, petits et grands, puissent avancer vers un avenir meilleur.

Aline Vallais

Sources : Archives du Rhône, 6 M 275 et 368, 4 T 93.

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