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La Fée électricité

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Il suffit aujourd’hui d’appuyer sur un interrupteur, et la lumière jaillit. Mais ce geste simple demanda des décennies de travaux, commencés à la toute fin du 19e siècle et au début du 20e.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°42 de décembre 2024.

A la bougie, pendant des siècles. Puis au pétrole et enfin au gaz, au 19e siècle. C’est ainsi que les Brondillants d’antan s’éclairèrent. Mais à partir de janvier 1899, s’ouvrirent pour eux des perspectives immenses. A Villeurbanne, la Société des Forces Motrices du Rhône inaugurait en effet une usine capable de produire de l’électricité : la centrale hydroélectrique de Cusset, alors l’une des plus puissantes du monde. A peine un mois plus tard, dès février 1899, l’on songea à aménager un tramway électrique partant de Villeurbanne et passant par le Vinatier ; puis, dès 1902, de remplacer le tramway à vapeur desservant le centre de Bron par un tramway du même genre. Dès lors, les évènements se précipitèrent… ou presque ! En 1906, le conseil municipal passa un accord avec la Société des Forces Motrices, afin que celle-ci alimente la commune en éclairage électrique. Le temps passa sans que rien ne vienne, forçant les Brondillants à continuer à s’équiper en lanternes à gaz. Ce n’est qu’après cinq ans d’attente que la Société se décida à commencer les travaux de pose des lignes et des branchements, « immédiatement après l’hiver 1911-1912 ».

Et la lumière fut !

Et c’est ainsi que, en mai 1918, le bureau de poste fut équipé de l’éclairage électrique, devenant la première administration brondillante à bénéficier de la fée du 20e siècle. Puis peu à peu, le réseau tissa sa toile à travers notre ville. En 1921, le quartier des Essarts reçut le premier des lampes électriques pour éclairer ses rues – en l’espèce, 14 lampes, qui coutèrent à la municipalité pas moins de 4300 francs, soit plusieurs années de salaire d’un ouvrier. Suivirent en 1922 le chemin du Terraillon, la rue de Prévieux et aussi l’avenue Camille-Rousset. Pour le quartier des Brosses et la route de Genas, la municipalité dût s’entendre avec Vaulx-en-Velin et Villeurbanne pour partager la note, car l’addition était particulièrement salée : la Société des Forces Motrices du Rhône en demandait 40.000 francs, soit dix fois ce qu’avait coûté l’électrification des Essarts. Mais le jeu en valait la chandelle, le maire Emile Chaze exposant « l’intérêt que représente à toute la population de ces quartiers déshérités, l’extension de la distribution électrique tant au point de vue de l’éclairage que de l’emploi de la force motrice pour usages agricoles ».

Un va et vient… humain !

L’électricité était alors perçue comme un formidable vecteur non seulement de confort, mais aussi de progrès économique. Pourtant, elle était encore loin d’avoir la souplesse qu’on lui connait de nos jours. Pour disposer de la lumière d’un réverbère, il fallait qu’un voisin se dévoue, chaque soir et à la même heure, pour aller appuyer sur son interrupteur puis, quelques heures plus tard, faire la manœuvre inverse afin de l’éteindre ! Malgré ces inconvénients, tout le monde voulait de cette immense conquête. A preuve, en juin 1923 les habitants du Grand et du Petit Parilly pétitionnèrent afin d’obtenir « l’installation de lignes électriques pour la force et la lumière ». Un représentant de la Société se rendit sur place, un devis fut avancé – il y en avait pour plus de 100.000 francs ! -, et l’attente commença. La somme demandée ne fut réunie qu’en 1926, faisant de Parilly le dernier quartier brondillant à être équipé. Enfin, la lumière fut.

Aline Vallais

Sources : Archives municipales de Bron, registres des délibérations, 1899-1936.

 

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