Bron compte aujourd’hui moult restaurants, pizzerias, ou établissements à tacos, sushis, kebabs, burgers : ils sont… une cinquantaine ! Et certains ne datent pas d’hier.
Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°38 de l'été 2024.
Le père Joseph Combelles était connu de tout Bron. Son café-restaurant des Platanes, implanté avenue Camille-Rousset depuis le début du 20e siècle, proposait en effet à sa clientèle des dîners, des noces et des banquets, des jeux de boules, et même une vaste salle où se tenaient les réunions de telle ou telle association – des « sociétés », comme on disait à l’époque. Plus d’un parti politique en fit ainsi son quartier général, et le lieu d’assemblées très animées. Mais l’on venait aussi et surtout aux Platanes pour passer le dimanche en famille ou entre amis, en se délectant des plats cuisinés par le patron des lieux. La preuve ? Regardez ce menu concocté ici il y a une centaine d’années. Il ne compte pas moins de huit plats, un vrai banquet ! En guise d’entrées, galantine truffée et saumon mayonnaise. En plat principal, volaille créole et haricots verts à l’anglaise. En deuxième plat, caneton rôti au cresson, et salade de saison. Il vous reste de la place ? Prenez-donc cette coupe de fruits et ce dessert maison. Devant un tel défilé de victuailles, vous comprendrez pourquoi les repas d’autrefois duraient le plus clair de la journée.
Et le tramway en 1898…
Des restaurants comme celui-ci sont une innovation relativement récente à Bron. Au temps où notre commune n’était encore qu’un village, presque exclusivement peuplé d’agriculteurs, les seuls établissements que l’on rencontrait chez nous étaient des « cabarets », destinés à accueillir le soir venu les paysans du cru, et aussi et surtout les voyageurs de la grand’route de Grenoble et de l’Italie, notre actuelle avenue Franklin-Roosevelt. L’on y servait avant tout du vin, et aussi éventuellement des assiettes rustiques, comme une omelette, du saucisson ou de la soupe. Ces cabarets pullulaient littéralement, au point que Bron en comptait six en 1876, soit un pour 360 habitants. Mais, en 1898, le tramway fait son entrée dans notre ville. Partant des Cordeliers, il emprunte le cours de la Liberté et l’avenue Lacassagne, passe devant l’hôpital du Vinatier puis va jusqu’à son terminus, un peu à l’est de la mairie actuelle. Longtemps désiré, ce tramway change radicalement le visage de Bron. D’abord parce qu’il permet aux Lyonnais de venir passer chez nous les dimanches et les fêtes en famille, en profitant du bon air de la campagne. Ensuite parce qu’il entraîne la construction de nombreuses maisons individuelles, habitées par des personnes travaillant à Lyon. Du coup, attirés par cette nouvelle clientèle les restaurants fleurissent comme des jonquilles dans les prés. Dès 1901, en plus de sept cafés, l’on compte ainsi trois restaurants, tous tenus par des néo-Brondillants : la Brasserie Lulli, implantée tout à côté du terminus du tram, où officie Albéric Delarue, né à Paris en 1852 ; le restaurant de Pierre Billon, né à Vénissieux en 1837 et dont l’établissement de l’avenue Franklin-Roosevelt emploie un cuisinier et une serveuse ; et enfin le restaurant de Jean Gratesol, qui lui se situe aux Essarts. La mode est lancée, et pour au moins plusieurs siècles. Le restaurant des Platanes, lui, existe toujours. Il continue, comme ses homologues de notre ville, à ravir les papilles des Brondillants et des clients venus d’ailleurs.
Aline Vallais
Sources : Archives du Rhône, 6 M 299, 478, 517. Archives de Bron : menu Combelles des années 1910-1920.