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La batterie de Lessivas

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© Association du Fort de Bron

A Bron, tout le monde connait le fort. Mais il n’est pas la seule fortification présente dans notre ville : la batterie de Lessivas en fait aussi partie.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°46 d'avril 2025.

Ses vestiges se situent dans la bien nommée rue de la Batterie, dans la partie nord de Bron. Là, parmi les espaces verts d’une copropriété, apparaissent de longs murs de pierres blondes, une grande arcade et, plus loin, une entrée en béton armé à présent murée, semblable à celles des blockhaus de la Seconde Guerre mondiale. Sauf que ce fortin de Lessivas, ou de Lessignas, comme on l’appelait aussi autrefois, est nettement plus ancien. Construit entre 1878 et 1880, afin de protéger les abords du fort de Bron, il se composait d'une enceinte d'environ 200 mètres de long et 100 mètres de large, entourée par des banquettes d'artillerie prévues pour 17 canons. A l’intérieur de l’enceinte, des casernements à demi enterrés pouvaient accueillir 150 hommes. De fait, à une époque où tout le monde avait encore présent à l’esprit la désastreuse guerre de 1870-1871, qui avait vu la France envahie par la Prusse ainsi que la perte de l’Alsace et de la Lorraine, ces troupes n’étaient pas de trop pour défendre le flanc oriental de l’agglomération lyonnaise en cas de nouvelle invasion. Durant la Première Guerre mondiale, la batterie de Lessivas servit aussi aux militaires de la base aérienne, qui furent hébergés dans les casernements ainsi que dans toute une série de tentes dressées aux abords.

L’édifice finit en… logements

Puis, la guerre étant terminée, le fortin perdit peu à peu toute utilité et fut abandonné par l’armée. Ses murs, de toute façon, n’auraient pas résisté aux progrès de l’artillerie. Dès les années 1920, l’endroit devint « le refuge à des malheureux, parmi lesquels se trouvent des enfants qui vivent dans des conditions d’hygiène déplorable ». Aussi, par une loi du 16 février 1932, l’édifice fut déclassé : l’armée n’y eut plus du tout sa place. La municipalité brondillante y vit immédiatement une aubaine. Avec à présent 12 000 habitants, le petit village d’antan était devenu une ville en un rien de temps, et devait penser à son aménagement. Dès l’été 1932, l’on envisagea donc « la création d’un parc ou d’un terrain de jeu » à Lessivas. Mais patatras ! L’Etat, lui, souhaita se servir de l’ancienne batterie pour entreposer des explosifs ! Elle deviendrait ainsi, une bombe géante en plein cœur de la cité ! La solution ? Que la Ville achète les lieux d’urgence. Ainsi fut fait en 1934, moyennant la somme de 55 000 francs, financée au moyen d’un emprunt. Le conseil municipal se réunit aussitôt sur place « le troisième dimanche de septembre », afin de concrétiser son beau projet de parc. Verra-t-on un mini Parilly remplacer la batterie ? Hélas, le temps passa, et rien de concret ne se fit. Arriva la Seconde Guerre mondiale, qui vit Lessivas retrouver un rôle militaire : ses pièces enfouies sous le sol furent promptement aménagées, pour servir d’abri à la population en cas de bombardement. Cinq cents à six cents personnes pouvaient y tenir place aisément ! Vous devinez la suite. Ni le parc public ni les jeux pour enfants ne furent aménagés. En 1941, des jardins ouvriers vinrent occuper la parcelle, puis après-guerre, la municipalité se résolut à la vendre en totalité. A son emplacement, l'on construisit entre 1966 et 1970 les quatre bâtiments composant l’actuelle copropriété privée « Le Lessivas ».

Aline Vallais

Sources : Archives municipales de Bron, registres des délibérations, 1902-1945.

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