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Bron au coeur des guerres de Religion

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En 1576, les Brondillants envoyèrent leurs plaintes au roi dans des cahiers de doléances. L’occasion pour eux de dresser un portrait de notre commune, affligée par les guerres.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°43 de janvier 2025.

La France traversait l’une des pires crises de toute son histoire : une guerre civile qui allait durer 36 ans. Commencée en 1562, elle opposait les protestants aux catholiques, d’où son nom de guerres de Religion. Ces presque quatre décennies furent particulièrement terribles, et virent un cortège de dévastations, de famines et de pestes, au point que le pays perdit plusieurs millions d’habitants. Pour tenter de remédier aux maux du royaume, le roi Henri III convoqua en 1576, des Etats généraux. Ils se tinrent en son château de Blois, et furent précédés par l’envoi de cahiers doléances, rédigés par toutes les communes de France. Le cahier de Bron, par chance, nous est parvenu et est aujourd’hui conservé aux archives de Vienne. Il décrit un village dévasté et très appauvri par le conflit. Sa position sur la route menant à Grenoble, à Chambéry et de là en Italie, lui vaut d’abord moult passages de gens de guerre, se comportant comme des soudards : « Le pauvre village a souffert et porté toutes les sorties [des troupes] de la ville de Lyon allant et revenant, et les rebelles de Sa Majesté [les protestants], mesme les artilleries, sejournèrent audit pauvre village de Bron. A la venue de Sa Majesté [le 6 septembre 1574], ils gardèrent près de quinze jours les chevaux de monseigneur le prince de Savoie, si bien que leur pauvre bétail mourut car presque tout le foin était pour les [chevaux de] passaiges ». Résultat, ces « passages causent toutes ruynes ».

Les impôts, la plaie supplémentaire

Et ce n’est pas le seul mal qu’endurent les Brondillants d’antan. Habitant « un lieu le plus stérile de tous le pais », ils sont aussi frappés par une fiscalité très élevée, perçue par le roi pour financer ses guerres, « charges à eulx insupportables ». Du coup, pour pouvoir se nourrir, remplacer le bétail capturé ou mort de faim, et payer leurs impôts, ils sont forcés de s’endetter puis, en dernière extrémité, de vendre leurs parcelles de terre. A tel point que les nobles et les ecclésiastiques qui, eux, ne payent pas l’impôt royal, deviennent et de loin, les principaux propriétaires fonciers à Bron. Le cahier de doléances s’attarde longuement sur cette situation, et liste ses principaux bénéficiaires : « le sieur abbé de Chassagne y tient le labouraige de plus de cinq araires et du meilleur fond du lieu ; les abbesses et religieuses de la Deserte de Lyon y tiennent pareillement le labourage de trois araires ; messieurs de Saint Jehan de Lyon y en tiennent beaucoup », etc. En conséquence, « les manants et habitants de Bron » ne possèdent plus que « cinq ou six araires qui soient de leur propre fond », soit environ 10 à 20 % de la surface de la commune. Pour subvenir à leurs besoins, et « nourrir et entretenir leur pauvre famille », ils sont donc contraints de louer les domaines des grands propriétaires.

L’on ne sait quel accueil fut réservé aux plaintes brondillantes. Toujours est-il qu’à Blois, les députés des Etats généraux décidèrent de mettre fin à une paix fragile, et souhaitèrent relancer les hostilités contre les protestants. Les Brondillants n’étaient donc pas encore au bout de leurs peines. Il fallut attendre 1598 pour que le roi Henri IV parvienne enfin à mettre un terme à ces maudites guerres, grâce à l’Edit de Nantes.

Aline Vallais

Source : Archives municipales de Vienne, AA 7/6.

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