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Toutous d'antan

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Les archives brondillantes renferment bien des trésors. Comme ces documents évoquant nos très nombreux amis à quatre pattes.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°39 de septembre 2024.

Ils sont nos compagnons depuis la nuit des temps. Leurs ancêtres loups ont en effet été peu à peu apprivoisés puis domestiqués dès la préhistoire, il y a plus de 10.000 ans, faisant ainsi du chien le plus vieil ami de l’homme. Accompagnant les chasseurs d’alors dans leur traque du gibier, veillant sur eux pour les prévenir d’un danger, et bientôt gardant les troupeaux, ils sont devenus inséparables du genre humain, millénaire après millénaire. Rien d’étonnant dès lors, à ce que l’on trouve des chiens aux côtés des Brondillants depuis fort longtemps. La preuve : le 29 septembre 1770, alors qu’ils accomplissent leur tournée dans les champs des Essarts, des gardes-chasse tombent sur « deux chasseurs ornés le chascun dun fusil gibessière et carnier qui chassaient dans les blés noirs, ayant avec eux deux chiens de chasse devant lesquels ils ont tiré plusieurs coups de fusil sur du gibier poil ou plumes, que nous navons pu dicerner atendu que nous netions pas assez pret ». Les coquins. Ils savent pourtant bien que le droit de chasse est réservé au seigneur. Ces deux braconniers sont aussitôt poursuivis et arrêtés. L’un s’avère être un paysan du village, Barthélémy Bouchet, et l’autre… « le sieur Sauboyant, vicaire (prêtre) de la paroisse de Bron » !

Une taxe sur les chiens

Un siècle plus tard, les toutous brondillants s’avèrent particulièrement nombreux. Nous le savons grâce à une bonne idée du gouvernement de Napoléon III. En 1855, il invente en effet une taxe sur les chiens. Leurs propriétaires devront payer 2 francs pour chaque chien d’aveugle, de berger ou de garde, et 8 francs pour chaque chien de chasse ou d’agrément – soit l’équivalent d’un à deux jours de salaire dans le premier cas, et de près d’une semaine de salaire dans le deuxième. Autant vous dire que personne, à Bron, ne déclara détenir des « chiens d’agrément », autrement dit des chiens de compagnie. La liste des Médor imposés nous est en effet parvenue. Et elle est longue comme le bras car, en 1865, Bron ne compte pas moins de 127 chiens. Notre commune étant alors peuplée par 1041 habitants, cela fait un chien pour huit habitants !

Les chiens prolifèrent

Employés pour garder les troupeaux de moutons, ou pour surveiller les habitations, ces Rantanplan d’antan participent aux travaux quotidiens de leurs maîtres. Quitte à chasser de temps en temps pour se dérouiller les pattes. Quatorze ans plus tard, en 1879, leur nombre grimpe encore, puisqu’il atteint 162 ! Une telle prolifération finit par inquiéter l’administration municipale. Au point qu’en 1925, le maire Louis Ailloud prend le taureau par les cornes, ou plutôt le chien par le collier. « Je reçois, dit-il, des réclamations de plus en plus nombreuses concernant les chiens circulant librement sur les voies publiques ; des passants ont même été mordus et j’ai été dans l’obligation d’intervenir plusieurs fois pour faire procéder d’office à l’examen des bêtes par un vétérinaire ». Aussi décide-t-il d’interdire la divagation de nos fidèles compagnons, et de solliciter la fourrière lyonnaise pour embarquer (et occire ?) les contrevenants. Est-ce un résultat de cette politique ? Toujours est-il qu’en 1934, les Brondillants ne détenaient plus que 108 chiens, soit un pour 122 habitants. A moins que certains aient cessé de déclarer leur animal au fisc !

Aline Vallais
Source : Archives de l’Isère, 17 B 47. Archives de Bron, taxe sur les chiens, et délibérations municipales (1925).

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