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Françoise Fabian

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©jcroizer

La passion cinéma

Une belle surprise au générique du Festival Lumière 2018 qui, à l’occasion de sa 10e édition, fait étape au cinéma Les Alizés : la présence le dimanche 14 octobre à 18h de Claude Lelouch qui viendra présenter l’un de ses films emblématiques, “La bonne année” en compagnie de son actrice principale, Françoise Fabian. Rencontre avec une actrice à l’élégance rare qui nous livre de savoureuses anecdotes…

“La bonne année” ?
Nous avons tourné ce beau film d’amour et d’aventure en 1973. Ça a été formidable ! On avait une telle liberté de travail ! Claude Lelouch nous laissait improviser. Il disait à Lino Ventura : « tu vas dire quelque chose à Françoise auquel elle ne s’attend pas. On va voir comment elle réagit ». Alors Lino inventait quelque chose. Et moi, je me disais « il faut que je lui réponde ». Je jouais le jeu avec un grand bonheur ! Et pourtant, j’ai failli ne pas le tourner. Quelques jours avant le tournage, j’ai été prise d’une grosse grippe. J’ai demandé à Claude de me remplacer. Il me fait : « écoute, c’est très joli une femme enrhumée. Je te filmerai comme tu es. » Ça m’a guérie. Je suis arrivée en bonne santé à Cannes. Et on s’est beaucoup amusés ! Un bonheur total !

Claude Lelouch ?
Les acteurs adorent travailler avec Claude. On peut être soi-même. On n’est pas coincé par des idées toutes faites sur le personnage. C’est aussi très léger. Comme il met des lumières partout, on n’a pas besoin d’attendre deux heures pour des mouvements de caméra. Il a la liberté de filmer caméra à l’épaule. Il vous suit avec. Pas besoin de toute la machinerie : les rails, la caméra énorme… Pas de travelling, c’est vous le travelling ! Il fait des choses extraordinaires ! Après “La bonne année”, je ne rêvais que d’une chose, c’était retourner avec Claude. Le rêve n’est pas passé… D’ailleurs, quand il m’a proposé “Partir, revenir” en 84 avec Girardot et Piccoli, j’ai accepté tout de suite !

Votre couple à l’écran avec Lino Ventura ?
Lino, je le connaissais bien. C’est mon premier mari, Jean Becker, qui l’a fait débuter dans “Touchez pas au Grisbi”. Il s’est révélé un immense acteur. J’avais aussi déjà fait un film de Henri Decoin avec lui, “Le feu aux poudres” avec Charles Vanel. Et déjà, on s’amusait beaucoup ! Claude nous a réunis parce qu’il nous connaissait bien. Avant “La Bonne Année”, personne ne pensait que Lino pouvait être rigolo à ce point-là. Il a joué des rôles de truand, des types forts mais il était très amusant. Il m’a raconté ses combats de lutte : c’était à mourir de rire ! On était très complices. Lino est quelqu’un que j’aimais vraiment beaucoup. J’ai essayé de le convaincre de faire du théâtre, sans y parvenir...

La postérité de “La Bonne année” ?
Ce film a eu un tel succès, en particulier en Italie avec deux prix d’interprétation, pour Lino et moi. Le titre italien, très joli, “Una donna e una canaglia” (“Une femme et une canaille”) révèle mieux le film. Tout le monde m’en a parlé pendant des mois. C’est un grand souvenir dans ma vie. C’est un film qui compte pour moi et pour les gens en ce qui me concerne. Pour d’autres acteurs aussi : Vincent Lindon, par exemple, connaît les dialogues de Lino par coeur. Il pourrait jouer le rôle ! “La bonne année” comptait également parmi les films français préférés de Stanley Kubrick qui le montrait régulièrement à ses acteurs avant un tournage et de Sydney Pollack. Pollack m’a d’ailleurs ensuite proposé un film avec Al Pacino. J’ai décliné car je ne maîtrise pas très bien l’anglais. Rédhibitoire face à Pacino qui improvise lui aussi. C’est exactement comme dans “La bonne année” où on improvisait pas mal. C’est ça qui les épatait. La grande scène où je débarrasse tout ce qu’il reste de mon amant pour attendre Lino qui sort de prison, ils n’en revenaient pas. Techniquement, ils étaient éblouis.

Le Festival Lumière ?
Je suis déjà venue une fois, pour la 2e édition, présenter “Five easy pieces” avec Jack Nicholson à ses débuts. Mais j’y suis allée aussi pour le plaisir de voir les autres. J’ai une vraie passion pour le festival Lumière. Pas de publicité, de bling-bling, de tapis rouge mais une ferveur totale pour le cinéma. On projette des films partout : il y a les grands écrans, les moyens, les petits. C’est génial ! On est plein d’enthousiasme. On a envie de voir des films. Si je le pouvais, j’irais tous les ans ! C’est l’amour du cinéma, des films et des acteurs.

 

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