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Julie Bertuccelli

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Parmi la sélection de films “Art et essai” présentés à l'occasion 28e Festival de cinéma français “Drôle d’Endroit pour des Rencontres” du 25 au 27 janvier 2019, “La dernière folie de Claire Darling”, long métrage poétique, au casting éblouissant : Catherine Deneuve herself, sa fille Chiara Mastroianni et Alice Taglioni… Interview de sa réalisatrice, Julie Bertuccelli.

Comment était-ce de diriger Catherine Deneuve ?

Ce fut un grand plaisir, une expérience très intense, très forte. J’étais un peu impressionnée au début, car c’est une telle icône pour moi. Nous avons eu de belles discussions, et pas seulement sur son rôle : elle aime proposer, elle a été une véritable partenaire pour moi tout au long du tournage. Elle est fascinante à voir jouer : elle est tellement fine et juste ! Elle sait aussi lâcher prise, et n’hésite pas à prendre des risques : c’est ainsi que, pour la première fois, elle a accepté d’abandonner son blond pour jouer avec les cheveux blancs ! Elle a tenté l’aventure avec fougue et intérêt… Elle incarne totalement ce personnage flamboyant : une femme qui se lève un beau matin avec la certitude qu’elle vit sa dernière journée et qui organise un vide-grenier pour se débarrasser de tous les objets qu’elle a collectionnés tout au long de sa vie…

Vous avez mis beaucoup de vous dans ce film…

Oui ! Je suis moi-même collectionneuse : j’ai d’ailleurs filmé des objets m’appartenant, dont les automates. De même, je suis une adepte des vide-greniers. C’est drôle car Catherine Deneuve est elle-même très chineuse, et amoureuse des belles choses. Les gens qui vendent dans les vide-greniers m’émeuvent ; ils s’exposent sans le savoir, leurs étals sont une porte ouverte sur leurs histoires de famille. Les objets sont nos madeleines de Proust : chargés d’histoire et d’âme, ils révèlent leurs propriétaires… J’ai aussi filmé dans la maison de ma grand-mère. Bref, oui je dévoile une partie de mon univers. Mais c’est toujours le cas lorsque l’on filme. Ce sont nos entrailles que l’on montre. On met beaucoup de soi dans un film. On explore des thèmes, souvent pour des raisons profondes, intimes. Dans “La dernière folie de Claire Darling”, j’aborde les choses qui compliquent nos relations humaines, les relations mère-fille, les secrets de famille…

Vous allez présenter ce film au public de “Drôle d’Endroit pour des Rencontres”. Cela vous plaît-il d’assister ainsi à sa projection et de l’accompagner en tournée ?

J’ai hâte de voir quel accueil le public de Bron va lui réserver. On fait un film pour le public mais on ne sait pas comment il le reçoit. Dans le cas d’une projection comme celle-ci, on peut “prendre la température”. C’est d’autant plus intéressant quand le public arrive “vierge”, sans avoir lu de critiques. Je suis toujours touchée de mes discussions avec le public, très enrichissantes.
Et puis, il y a beaucoup de choses à dire sur un film : dévoiler ses secrets de fabrication, comment il a été adapté d’un livre, comment s’est déroulé son casting… À ce propos, trouver qui pourrait jouer Catherine Deneuve jeune était une vraie gageure. Finalement, Alice Taglioni l’incarne totalement ! J’aime que chacun puisse interpréter mes films à sa façon. Dans celui-ci, je laisse plusieurs pistes ouvertes, pour que l’esprit divague. Il y a plusieurs lectures possibles, qui parlent au coeur. J’aime frôler l’imaginaire des spectateurs. Je fais ce métier pour toucher l’humanité des gens et je suis heureuse si je les vois vibrer… J’ai hâte de retrouver mon public à Bron.

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