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Un Brondillant à Taïwan !

Soumis par Anonyme (non vérifié) le 11/05/2020
Citoyenneté

Le Brondillant Dorian Jorry, bien connu du côté du Bron Basket Club (BBC), réside à Taïwan depuis le 15 février, dans le cadre d’un échange universitaire. Il a répondu à l’appel au témoignage lancé par Bron Magazine en avril.

 

Depuis quand êtes-vous à Taïwan ?

Je suis arrivé en Asie le 21 janvier 2020 (au début de l’épidémie en Chine) et plus particulièrement à Taïwan le 15 février. J’ai voyagé dans plusieurs pays d’Asie pendant ce laps de temps (Cambodge, Vietnam, Thaïlande, Singapour, Malaisie).
Je suis à Taïwan dans le cadre de mon master du Programme Grande École de Rennes School of Business pour un échange universitaire d’un semestre. Je l’effectue à la National Sun Yat Sen University à Kaohsiung (au sud de l’île). Mon départ de l’île est prévu (normalement) pour début juillet.

Comment vivez-vous là-bas ?

Je loge sur le campus dans un dortoir international assez confortable malgré l’âge avancé du bâtiment. Nous sommes répartis par chambre de 2 dans des étages de 20 personnes non mixtes. Les chambres sont assez spacieuses et nous possédons également 2 espaces communs par étage avec des canapés, fauteuils, tables, cuisine, machine à laver et sèche-linge.

Il y a de nombreux autres étudiants français dans le dortoir originaires de divers établissements. Je vis très bien la vie en dortoir car il y a une très bonne ambiance entre étudiants et les conditions de vie sont très agréables puisque le campus est situé au bord de la mer et bénéficie d’un climat tropical où le soleil et la chaleur prédominent.

De plus, le campus possède de nombreuses infrastructures comme une piscine, des terrains de tennis, de basket ou de football, un gymnase complet, une bibliothèque et de grands espaces verts.

Comment se passe le confinement à Taïwan ? Comment occupez-vous vos journées, votre quotidien ?

Nous ne sommes, pour le moment, pas confinés à Taïwan. En effet, le pays est reconnu dans le monde comme étant le mieux préparé et ayant le mieux anticipé le virus. Taïwan a notamment fermé ses frontières avec la Chine dès le début de l’épidémie ou encore imposé des quarantaines strictes aux personnes en provenance de zones à risques.

L’État a rationné dès le début la vente des masques et des gels hydroalcooliques afin d’éviter les ruptures de stock. Le gouvernement a également décalé les rentrées des écoles et des universités en février. Des distributeurs de gels hydrolalcoliques sont disponibles dans la plupart des commerces et des lieux publics. Taïwan a ainsi vu son nombre de cas de coronavirus stagné à une cinquantaine. Cependant, depuis le début du confinement français, le nombre de cas a légèrement augmenté. Nous sommes aujourd’hui à environ 400 cas avérés. Cette augmentation est notamment due à la fermeture complète des frontières taïwanaises qui a entrainé un retour massif des taïwanais d’un peu partout dans le monde, parfois infectés. Ainsi, 90% des contaminés sont des cas importés et la propagation du virus sur le territoire est très faible. Malgré tout, le gouvernement a considérablement renforcé les mesures ces dernières semaines. En effet, il a notamment rendu le port du masque obligatoire dans l’ensemble des transports en communs (métro, trains) sous peine d’amende. Des agents de police sont placés à chaque entrée du métro et vérifient que la mesure est respectée. A Taipei, les entrées principales du métro sont également équipées de caméras thermiques afin de mesurer la température corporelle des usagers. Les distances sociales de sécurité d’1 mètre 50 ont été établies. Certains lieux ferment leurs portes notamment les lieux touristiques fermés et étroits. Les clubs et les bars ferment également leurs portes parfois pour limiter les contaminations. Les universités prennent également de nouvelles précautions. Elles avaient déjà mis en place la prise de température à chaque entrée mais aujourd’hui elles basculent également certains cours en ligne ou imposent le port du masque. Mon université fournit d’ailleurs 3 masques chirurgicaux par semaine à chacun des étudiants. A l’université, je pratique 2 fois par semaine le dragon boat, sport local qui peut se rapprocher de l’aviron. Malheureusement, je viens d’apprendre aujourd’hui la suspension des entraînements et des compétitions pour une durée indéterminée.

Contrairement à ce que je peux voir en France ou en Europe, les taïwanais sont très prudents avec ce virus et respecte les mesures à la lettre.
Ainsi, notre quotidien n’est pas encore trop impacté par la crise sanitaire mondiale mais nous sentons que l’état taïwanais s’inquiète de l’augmentation du nombre de cas ces dernières semaines et instaure de nouvelles mesures semaine après semaine mais nous espérons qu’elles permettront de stopper l’augmentation et nous permettront d’éviter d’être confinés comme en France.

Autrement, j’occupe également mes journées par la pratique du basket, environ 2 à 3 fois par semaine avec d’autres étudiants sur les terrains en extérieur en libre accès mais aussi par de nombreux voyages à travers l’île afin de découvrir ses paysages uniques. (Voir photos). La découverte d’autres pays asiatiques étant maintenant impossible suite à la fermeture complète des frontières taïwanaises. De plus, nous possédons une plage sur le campus donc nous en profitons beaucoup, d’autant plus que la météo est très clémente ici.

Enfin, je travaille en plus de mes cours pour ma Start-up en procédure de création avec mon associé, en échange à Taïwan également. Dénommée Riskee, elle consiste en un logiciel SaaS pour permettre aux entreprises de mieux gérer leurs contrats d’assurance et faciliter leurs relations avec les assureurs et les courtiers.  L’idée nous est venue au début de l’épidémie de coronavirus en nous rendant compte que les entreprises devaient se replonger dans l’ensemble de leurs contrats d’assurances (parfois exhaustif) afin de rechercher des clauses spécifiques. Elles ne sont, la plupart du temps, pas équipées et consacrent énormément de temps et d’énergie dans ces recherches.

A partir de là, on a eu très vite confiance en notre idée. Malgré nos voyages à travers l’Asie on a passé beaucoup de temps sur l’élaboration de notre solution et l’analyse de notre marché. On s’est vite organisés de sorte à pouvoir profiter des pays qu’on visitait tout en restant productif sur l’avancée du projet Riskee. Ainsi, on consacrait la plupart de nos vols en avion aux travaux ne nécessitant pas de connexion Wi-Fi et nous réservions les créneaux en fin d’après-midi pour échanger avec notre incubateur. Tout cela à tout de même demander quelques sacrifices, notamment plusieurs heures de sommeil.
Aujourd’hui nous avons réussi à convaincre 1Kubator d’investir dans notre projet, et nous travaillons avec des développeurs, le tout à plus de 15000 kilomètres !
Nous espérons un début de commercialisation pour la rentrée 2020.

Comment gardez-vous contact avec votre famille ?

Je suis en contact environ 2 fois par mois par visio avec ma famille et régulièrement par message. Elle devait me rejoindre à Taïwan durant les vacances de Pâques françaises… Malheureusement ce voyage a dû être annulé. Ils m’envient beaucoup et me conseille de rester sur mon île. J’ai eu la possibilité de rentrer en France au début du confinement français, cependant j’ai préféré rester jusqu’à la fin de mon échange car je me sens plus en sécurité ici. De plus, je ne souhaitais pas risquer d’être contaminé dans un aéroport et le transmettre à un membre de ma famille. Vivre la situation française à distance est parfois compliqué car on est loin de sa famille. J’essaye de ne pas trop y penser mais la peur de se réveiller et d’apprendre une mauvaise nouvelle occupe mon esprit je dois avouer. J’espère que cette crise sanitaire va s’atténuer au plus vite.

Quels sont vos projets pour la fin de l’année ?

Mes projets pour la suite de l’année sont : la validation de mon semestre à Taïwan, la poursuite de la découverte de cette île, continuer de travailler sur ma Start-up pour permettre la commercialisation à la rentrée 2020 où je serai à 100% consacré à ce projet en stage de césure, reprendre une licence à la rentrée prochaine au Bron Basket Club que j’ai quitté depuis 2 ans à cause de mes études. Malgré mon départ pour Rennes il y a 2 ans qui m’a obligé à quitter le club, je suis resté proche des dirigeants et des membres du club. Chaque week-end où je redescendais sur Lyon, je passais voir le club où mon père et mon frère sont toujours licenciés (Mathias JORRY et Séverin JORRY).

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