Patrimoine
Place Cumbernauld

Imaginez Bron semblable à Carcassonne, entourée de remparts. Un rêve ? Non, presque une réalité du passé.

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Etape 5 – Le rempart de ceinture

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1872. Après avoir prévu d'entourer Lyon d'une couronne de forts et de batteries,  l’Etat-major décide de construire un long rempart de 11 kilomètres, qui s’étirera de Villeurbanne à Saint-Fons, au cas où un envahisseur réussirait à passer entre les mailles du filet. Ce rempart traversera tout Bron, depuis la route de Genas au nord, jusqu’à Parilly au sud.

 

Novembre 1884. La construction de "l’enceinte de sûreté de la rive gauche du Rhône" commence par l’expropriation des Brondillants gênant son tracé. Ils ont cinq jours pour quitter les lieux ! La démarche est diversement appréciée. Si personne ne conteste le principe du nouveau rempart, le Maire réunit d’urgence le Conseil Municipal car il comprend que ces travaux vont profondément modifier la commune. Au printemps 1885, des centaines d’ouvriers "accourus de tous les points du territoire" arrivent sur le chantier, suscitant à nouveau l’angoisse des élus, qui réclament une gendarmerie "pour le maintien de l’ordre et le respect des propriétés et des récoltes". On craint aussi les espions, car Bron se trouve désormais "au centre de fortifications qui peuvent être étudiées par l’ennemi". Peu à peu, le rempart sort de terre, coupant la ville en deux, "bouleversant les communications des habitants entre eux". Un mur de 6 mètres de haut percé de meurtrières et précédé d’un grand fossé sépare à présent le Vinatier, les Essarts et le Grand Parilly, du reste du village. Pour se rendre à Lyon, il faut maintenant passer par les portes fortifiées de la route de Genas et de la route d’Heyrieux, et surtout par la porte de la nationale 6, qui se dressait face à vous, à l'emplacement du pont sous lequel passe aujourd'hui l'avenue Franklin-Roosevelt. Terminé en 1887, l’ouvrage devient vite un but de promenade. C’est vrai qu’elles ont de l’allure, ces "fortifs", avec leurs pierres dorées des monts du Lyonnais, leurs portes décorées et leurs bastions s’avançant sur la plaine comme des proues de navires. Au Vinatier, l’armée a appuyé son rempart sur "le mamelon du réservoir de l’Asile qui, par sa position centrale et son commandement sur tous les points environnants, se prête très bien sans travaux considérables, à l’installation d’une batterie".

 

Le maire de Bron lui, apprécie moins ce rempart de ceinture. Il étouffe Bron ! Comme l'armée a interdit toute construction sur une bande de 200 à 500 mètres de large courant le long de la fortification, le développement de la commune se trouve complètement bloqué sur ce secteur. Même chose aux abords du fort et des batteries de Parilly et de Lessivas. En 1906, la municipalité estime que les fortifications de Bron immobilisent avec leurs servitudes, 358 hectares sur les 1014 de la ville - soit plus du tiers de son territoire ! Résultat : "La situation où sont portées les forteresses, réduisent notre commune à la forme d’un long couloir s’étendant du nord au midi, et venant buter de tous côtés sur les créneaux des militaires, tant à l’Est par le fort, à l’Ouest par les murs d’enceinte, au midi par le fortin de Parilly et au nord par le fortin de Lessignas (Lessivas)". Aussi, les élus multiplient-ils les démarches pour obtenir la suppression du rempart ou au moins une réduction des servitudes militaires.

 

Heureusement pour la ville, l’édifice sert à peine 30 ans. La Première Guerre Mondiale, avec ses canons gros comme des wagons et ses avions chargés de bombes, rend obsolètes ces défenses héritées du temps des arbalètes et des fusils. Le rempart est déclassé en 1920 puis détruit entre 1931 et 1934, pour faire place au boulevard de ceinture. Il n’en subsiste à Bron qu’une courte section, sur le boulevard Laurent-Bonnevay. Dans un virage assez marqué situé en face de la station-service, regardez bien. Le mur en pierres soutenant le château d’eau du Vinatier : c’est lui. Un bastion subsiste aussi à Villeurbanne, près du stade Georges-Lyvet. Mais c'est à Vénissieux et à Saint-Fons que l'on peut voir les plus beaux restes du rempart : il court encore sur près d'un kilomètre, au sud du boulevard Laurent-Bonnevay, alignant ses meurtrières, son fossé et au moins deux bastions, notamment le long du bien nommé Chemin du Génie.

 

A Bron, son ancienne présence se lit encore sur plusieurs kilomètres, dans l'urbanisme actuel : n'ayant pu accueillir de maisons pendant des décennies, les terrains dévolus aux servitudes militaires constituèrent une réserve foncière - une "ceinture verte", qui ne fut investie qu'après la Seconde Guerre mondiale. Ces terrains libres accueillirent alors les barres et les tours des UC, plus au nord le collège Pablo-Picasso, le stade Pierre-Duboeuf et le centre nautique André-Sousi, et enfin à proximité de la route de Genas, la caserne Raby, vers laquelle vous emmène maintenant le chemin des Pierres Fortes.

 

Pour aller à l'étape suivante :

  • Prendre le bus C17 (fréquence : un bus toutes les 9 à 11 minutes) en direction des Charpennes, et descendre à l'arrêt Lacouture.
  • Puis revenir sur vos pas et prendre la première rue à droite. Vous croiserez alors la rue de la Batterie, dont le nom rappelle la présence du fortin de Lessivas.
  • S'arrêter à l'ancien poste de garde de la caserne Raby, à l'angle de la rue Lacouture et de la rue Charles-Boeuf. En cours de reconversion, l'ancienne caserne Raby ne se visite pas ; elle sera ouverte au public à la fin des travaux d'aménagement du nouveau quartier prévu sur son site.

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    Bastio n°4, à hauteur de l'hôpital Neuro-cardio
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