Mémoire
Maison Forte

Au Moyen Age, Bron n'avait rien d'un havre de paix. A des seigneurs particulièrement batailleurs succédèrent des princes presque perpétuellement en guerre : les comtes de Savoie et les dauphins du Dauphiné.

1287

Etape 1 – Des chevaliers entre Savoie et Dauphiné

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Accès :

  • Tram T5 ou bus C15, arrêt De Tassigny-Curial
  • Marcher sur l'avenue Maréchal de Lattre de Tassigny en direction de l'église (place Curial), et prendre la première rue à gauche (rue de la Maison Forte).
  • S'arrêter face au n°6 de la rue.

 

Cette maison aux allures bourgeoises cache bien son âge. Sous son grand toit et derrière ses fenêtres banales se cache un château construit il y a environ 700 ans : la maison forte de Bron. A l'intérieur de ses murs, elle contient toujours la tour rectangulaire percée de meurtrières qu'habitaient au 13e siècle les seigneurs du village. L'époque n'avait rien de tranquille, et les sires de Bron devaient se préparer au pire.

Avec raison : en 1193, deux frères, Guillaume et Barthélémy de Villeurbanne, s’attaquent aux paysans et même aux moines présents à Bron, multipliant les violences à leur encontre, au point que l’archevêque de Lyon doit intervenir en personne pour les ramener à la raison. Tout cela à cause d’une poignée de pièces d’or. De son vivant, leur oncle Lambert de Villeurbanne avait vendu aux moines de l’hôpital du Pont du Rhône (l’hôtel-Dieu), un beau domaine situé à Bron, autour de Rebufer. Pendant sept ans, l’hôpital du Pont put jouir de sa nouvelle propriété en toute tranquillité. Puis un jour, Guillaume et Barthélémy de Villeurbanne partirent de leur château armés jusqu’aux dents. S’estimaient-ils floués par la vente ? Avaient-ils eu un différend avec des paysans ? On ne sait. Toujours est-il qu’une fois arrivés à Bron, ils s’emparèrent par force des champs du Pont. Le texte en latin évoque des "grandes violences" et des "injustices", qui masquent peut-être bien des morts et des pillages. Ils ne consentirent à lever le camp et à rendre leurs biens aux moines qu’après avoir reçu une bourse remplie d’espèces sonnantes et trébuchantes.

Les seigneurs de Bron quant à eux, ne se comportent pas mieux : en 1202, les quatre frères Guillaume, Aymar, Aymon et Pons de Bron, sèment ainsi la terreur sur un domaine qu'ils viennent juste de vendre à l'abbaye d'Ainay, à Lyon, mais dont ils ne veulent pas lâcher la propriété !

Ces chevaliers brondillants ont donc le sang chaud, et n'en font qu'à leur tête. L'un d'eux le paye au prix fort : en 1268, Pierre de Bron, devenu homme de confiance de l'archevêque de Vienne, mais trop brutal envers les Viennois, est assassiné par des proches du prélat. Son meurtre révolte les seigneurs des environs de Bron, notamment ceux de Pusignan, qui pendant onze ans mènent une guerre féodale contre les possessions des Viennois. Bron se retrouve au centre des combats menés par les chevaliers du Moyen Age, jusqu'à ce qu'une paix soit signée à Bourgoin, le 12 octobre 1279. Pourtant, peu à peu, les sires de Bron rentrent dans le rang, en devenant les vassaux de nobles bien plus puissants qu'eux. Ainsi en 1310, ils passent sous la bannière des comtes de Savoie, lorsque Amédée V de Savoie achète toutes les seigneuries de l'Est Lyonnais, dont celle de Bron. 

L'annexion à la Savoie n'amène pas pour autant la paix. La Savoie a pour voisin immédiat le Dauphiné, dont la principauté s'étend de la vallée du Rhône jusqu'à la frontière italienne actuelle. Or, Savoyards et Dauphinois s'entendent comme chiens et chats. Ils mènent des guerres perpétuelles, chacun voulant étendre son territoire au détriment de l'autre. Ainsi en 1312, les armées savoyardes affrontent celles du Dauphiné près de Pont d’Ain et d’Ambronay. En 1321, les Savoyards assiègent Ambérieu, dans l'Ain, à coups de béliers et de catapultes. En 1325 nouvelle bataille, au cours de laquelle Pérouges revient aux Dauphinois. Les remparts et les portes fortifiées de ce célère village rappellent cette époque troublée, qui vit les seigneurs de Bron prendre part aux combats aux côtés de leur maître, le comte de Savoie. Après une courte trêve, la guerre reprend en 1346, avec à la clef des ravages des deux côtés. Au point qu’en 1349, le dauphin Humbert II, totalement ruiné, est contraint de vendre sa principauté au roi de France Philippe VI. Philippe VI annexe ainsi le Dauphiné et en confie l’administration à son petit-fils Charles.

Le rattachement du Dauphiné à la France ne ralentit pas pour autant la guerre avec la Savoie. En 1352, une sévère bataille a lieu près des Abrets. Pour se venger, le dauphin Charles lance alors ses troupes sur les villes savoyardes d’Ambérieu et d’Ambronay, en 1353. Bref, la situation s’enlise et la guerre ne fait que des perdants. La France elle-même se retrouve dans une situation délicate, car en même temps qu’elle se bat contre les Savoyards, elle combat les Anglais dans le cadre de la fameuse guerre de Cent ans. Enfin en 1355, le dauphin, le roi de France et le comte de Savoie Amédée VI, décident de prendre le taureau par les cornes. Plutôt que de s’en remettre au sort des armes, ils choisissent la voie diplomatique pour régler leurs différents, et signent une paix à Paris. Par cette paix, le Dauphiné cède au comte de Savoie l’ensemble de ses possessions situées au nord et à l’est du Rhône : une partie des Dombes, le sud du Bugey mais aussi le Pays de Gex (près de Genève) et le Faucigny (entre Genève et Chamonix). En échange, le comte de Savoie abandonne au dauphin et donc à la France tous ses territoires situés en rive gauche du Rhône : Voiron, la région des Abrets et des Avenières, La Côte-Saint-André, le plateau des Terres-Froides et enfin la plaine de Lyon - dont Bron, son château et ses habitants, qui deviennent ainsi Dauphinois et Français.

Les seigneurs de Bron se reconnaissent immédiatement vassaux du dauphin, en lui rendant hommage lors d'une cérémonie grandiose, réunissant tout le gratin de la noblesse dauphinoise. Dès lors, les dauphins emploient les maîtres de la maison forte comme châtelains, pour défendre et gérer leurs biens. En 1369, Jean de Bron se retrouve ainsi en charge du château de Thil, dans le département de l'Ain, où il partage son temps entre la tenue des comptes du dauphin, et les tournées à cheval avec l'épée au côté, pour surveiller la frontière du comté de Savoie. Mélange de guerriers et d'administrateurs au service des dauphins et des rois de France, les seigneurs de Bron entament alors une nouvelle carrière, qui allait les mener jusqu'aux portes de la Révolution française.

 

Pour aller à l'étape suivante :

  • Depuis la Maison Forte, prendre la rue de la Maison Forte en direction du nord, puis arrivé sur l'avenue Camille-Rousset, tourner à droite et aller jusqu'à la place Curial, au carrefour de la rue de la Pagère et de l'avenue François-Mitterrand.
  • S'arrêter sur la place, en face de l'église.

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