Mémoire
Résidence Le Lessivas

Même si elle ne vit pas de batailles se dérouler sur son territoire, la guerre menée entre la Prusse et la France en 1870 et 1871 eut des conséquences fondamentales pour Bron. Le fortin construit à Lessivas, sur la rue de la Batterie, en est une.

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Etape 3 – La guerre de 1870

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Quelle idée avait eue l'empereur Napoléon III ! Cette guerre qu'il déclencha contre la Prusse de Bismarck et de Guillaume Ier fut un désastre. Commencée le 19 juillet 1870, elle se solda par la capture de l'empereur, l'invasion du tiers nord du pays, le siège de Paris, la capitulation de l'armée française et la perte de l'Alsace et de la Lorraine, officialisée par le traité signé à Francfort le 10 mai 1871. Heureusement, les troupes prussiennes n'arrivèrent pas jusqu'à Lyon - la basilique de Fourvière, construite pour remercier la Vierge Marie de ce miracle, est là pour en témoigner. Mais comme l'ennemi s'approcha jusqu'au département du Jura, la région lyonnaise n'en fut pas moins mise sur le pied de guerre, et Bron n'échappa pas à la règle.

Pour notre ville, ce conflit se concrétisa d'abord par une mobilisation générale, une chose qui n'était pas arrivée depuis la chute de Napoléon Ier, en 1815. Tous les hommes âgés de 21 à 40 ans se retrouvèrent sous l’uniforme et le fusil en main, ce qui concerna une centaine de personnes, sur les 1041 habitants que comptait alors la commune. Dans le lot des appelés au combat figurait Antoine Bouchard. Engagé en 1854 comme soldat de 2e classe, il gravit un à un les grades militaires, devenant brigadier de gendarmerie en 1863, et intégrant en 1871 la prestigieuse Garde républicaine, avec le grade de sous-lieutenant. Pendant plus de 26 ans, il participa à toutes les guerres menées par notre pays, d'abord en Afrique en 1855, puis en Italie en 1860, et enfin en France lors de l'invasion prussienne de 1870. Sa bravoure sur les champs de bataille lui valut en 1881 d'être décoré de la Légion d'Honneur - un beau parcours, pour un Brondillant qui était fils d'un simple berger de moutons. Quant à Brondillants simples civils, ils furent intégrés à la Garde Nationale, avec pour mission de monter la garde nuit et jour dans les différents quartiers de la commune, de s’entraîner plusieurs fois par semaine, et bien sûr de se battre contre l’ennemi s'il devait arriver en région lyonnaise.

La guerre se manifesta aussi par d'innombrables réquisitions, de chevaux et de blé notamment, nécessaires à l'entretien des armées. En s'ajoutant à la paralysie générale de l'économie du fait des évènements, elles plongèrent une partie des Brondillants dans une misère absolue. Ainsi le 12 décembre 1870, alors qu'un temps très rigoureux s'abattait sur la région lyonnaise, le maire de Bron déclara au conseil municipal que "la classe indigente de la commune éprouve des privations et des souffrances de toutes espèces ; qu'un grand nombre de familles manque de pain, de vêtements et de chauffage et que les ouvriers, presque tous pères de famille, manquent d'ouvrage". Comme il était "de la plus grande urgence de venir au secours des familles les plus malheureuses", le conseil municipal décida à l'unanimité l'octroi d'une aide exceptionnelle de 2000 francs.

Et puis, il fallut compter avec une forte présence militaire autour du village. Afin de défendre les abords de Lyon d'une invasion que l'on pensait imminente, et qui terrorisait la population, Bron eut ainsi constamment sur son territoire 160 à 200 gardes mobiles venus d'autres régions de France. Etant donné que le fort n'existait pas encore, ces soldats furent logés chez les habitants et même entretenus aux frais de la municipalité pendant l'hiver 1870-71. Très vite, on employa ces hommes et les gardes nationaux de la commune à la construction de quatre fortins : les redoutes de l'Aiguillon (près du carrefour de la Boutasse), de Cognet (à la Ferrandière, au sud du Vinatier), des Essarts (à Parilly ?), et du Petit Montchat, cette dernière dominant la route de Genas et étant peut-être localisée à l'endroit où vous vous trouvez en ce moment. Constitués de fossés assez profonds et de talus en terre en guise de remparts, ces fortins armés de canons furent abandonnés par l'armée quelques mois après la fin des hostilités. Par un décret du 7 décembre 1872, le ministère de la Guerre autorisa les propriétaires des parcelles sur lesquelles ils avaient été implantés à récupérer leurs biens. C'était là un cadeau plutôt empoisonné... En effet, rien n'ayant été prévu pour remettre les terrains dans leur état d'origine, les propriétaires durent eux-mêmes faire les frais de la démolition des fortifications ! On attribua seulement à ceux qui n'en avaient pas les moyens, une indemnité symbolique. 

Enfin, la guerre de 1870 eut d'autres conséquences fondamentales pour Bron, qui marquent encore de leur empreinte l'urbanisme de la ville actuelle. Redoutant une nouvelle invasion, l'Etat-major décida en effet d'édifier autour de Lyon une ceinture de fortifications, concrétisées à Bron par un rempart de 11 kilomètres de long, par le fort que tout le monde connaît au moins de nom, et par deux fortins, les batteries de Parilly et de Lessivas. Cette batterie de Lessivas se dressait juste devant vous. Construite entre 1878 et 1880, elle se composait d'une enceinte d'environ 200 mètres de long et 100 mètres de large, contenant des casernements à demi enterrés pouvant accueillir 150 hommes, et enfin par des banquettes d'artillerie prévues pour 17 canons. Outre la défense de la route de Genas, elle permettait d'effectuer des tirs croisés avec les fortins de Décines et de Chassieu. Elle fut utilisée pendant la Première guerre mondiale pour abriter les troupes affectées à la base aérienne de Bron, puis fut déclassée après la Deuxième guerre mondiale. A son emplacement, l'on construisit entre 1966 et 1970 les quatre bâtiments composant la copropriété "Le Lessivas", située sur la bien nommée rue de la Batterie. Les salles souterraines du fortin n'en demeurent pas moins enfouies sous les espaces verts de la résidence, héritières méconnues d'une guerre malheureuse.

 

Pour aller à l'étape suivante :

  • Retourner sur la rue de la Pagère où l'on tournera à gauche puis immédiatement à droite, pour prendre l'avenue Ferdinand-Buisson.
  • Un peu avant l'église de Bron, entrer dans le cimetière et descendre l'allée principale.
  • Passer derrière le monument aux morts puis aller jusqu'à la tombe lui faisant face, reconnaissable à sa stèle représentant un aviateur (allée 7, tombe Desparmet).

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    Extrait de Maryannick LAVIGNE-LOUIS, op. cit., p. 55.
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