Mémoire
Eglise Saint Denis

Sous l'Ancien Régime et jusqu'au début du 19e siècle, l'église et le village de Bron servirent de cadre à d'immenses réjouissances : la fête de la saint Denis.

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Etape 1 - La fête de la Saint Denis de Bron

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Accès :

  • Tram T5 ou bus C15, arrêt De Tassigny-Curial.
  • Marcher en direction de l'église Saint-Denis, devant laquelle on s'arrêtera.

Une armée d’inconnus envahit les rues et les champs du village. De tous côtés, on n’entend que des plaintes, d’horribles accusations et des insultes comme s’il en pleuvait : coquin ! cornard ! bougre de bougre ! Que se passe-t-il ? Une bagarre collective ? Une guerre ? Non, une fête. La plus grande et la plus populaire de toute la région lyonnaise. Elle se tient chaque année à Bron, le 9 octobre.

Ce jour-là, on célèbre la saint Denis : un évêque de Paris décapité au IIIe siècle et dont le culte devint si populaire, que les rois de France se firent presque tous inhumer auprès de son tombeau, dans la basilique de Saint-Denis. C’est sous la protection de ce personnage que se place Bron au cours du Moyen Age, en donnant son nom à l’église du village. Depuis, chaque 9 octobre ou le plus proche dimanche de cette date, les habitants de Lyon et des environs s’y rendent en pèlerinage, pour honorer le saint et vénérer ses reliques : un morceau de son crâne, précieusement conservé dans une tête en bois sculpté. Les gens viennent dans notre commune par dizaines de milliers pour l'adorer. Ils sont tellement nombreux que, le 11 octobre 1711, leur procession pour revenir à Lyon commença à 18 heures pour ne s'achever qu'à 2 heures du matin ! Il faut imaginer les abords de la place Curial actuelle, noirs de monde, et remplie des tentes dressées par les aubergistes flairant la bonne affaire. Comme cette fête suit de peu la saison des vendanges, on en profite pour vider les tonneaux du vin des années précédentes, avant qu’il ne devienne imbuvable. Est-ce cette beuverie qui donna son caractère si particulier à la journée ? Ou bien le 9 octobre était-il une très vieille fête païenne, une bacchanale à la romaine, récupérée à son profit par l’église chrétienne ? Personne ne sait.

Toujours est-il qu’en ce jour précis, tous les codes de la société volent en éclat. Morale, galanterie, politesse et soumission envers les autorités cessent provisoirement d’exister. Chacun vide son sac des reproches accumulés durant l’année, pointant du doigt les escrocs, dénonçant le voisin médisant, raillant le bourgeois trop vite engraissé, injuriant le noble ou l’officier abusant de son pouvoir, si puissant soit-il. Voyez ce récit d’un témoin de l’époque : « on s'assemblait à la litière de telle grande dame ; on lui citait les uns après les autres les noms de ses adorateurs [de ses amants]. Elle agitait son éventail, et le rouge qui couvrait ses joues empêchait de reconnaître, à travers son sourire, que le dépit lui faisait monter le sang au visage ». Et plus loin : « quand c'était autour du carrosse d'un mauvais échevin [un élu de la mairie de Lyon] ou d'un injuste gouverneur que les flots de la foule venaient s'amasser, tous les assistants applaudissaient à outrance aux traits qu'on lui décochait de toutes parts ; et des hourras saluaient sans cesse l'impopulaire personnage... Et tout cela se faisait à visage découvert, sans que personne songeât à se plaindre ou à s'y opposer ».

Une seule chose en effet, restait interdite le jour de la saint Denis : se fâcher. Chacun devait écouter sans broncher les reproches d’autrui. Pareille liberté n’était pas toujours du goût des autorités. Un jour, vers 1760, l’archevêque de Lyon Antoine de Malvin fut tellement malmené qu’il rentra dans son palais à bride abattue. Son successeur à partir de 1802 ne fut pas mieux traité – pourtant le cardinal Fesch n’était rien moins que l’oncle de Napoléon Ier ! Mais lui préféra en rire plutôt que de s’enfuir. La fête brondillante finit néanmoins par être interdite, dans les années 1810-1830. Jugée trop débauchée et surtout dangereuse pour le gouvernement, elle servait pourtant de soupape de sécurité à une population qui, à défaut d’élections, trouvait ainsi le moyen de dénoncer les injustices.

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Illustrations

  1. Vignette
    Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux. Cliché n° 12-516649.
  2. Vignette
    Photo (C) RMN-Grand Palais (MuCEM) / Franck Raux. Cliché n° 08-521380.

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