Mémoire
Hangars de l’aéroport

En 1910, alors que l'aviation est encore balbutiante, une poignée de passionnés crée ce qui allait devenir l'un des plus importants aéroports de France. Après avoir été la porte de l'Italie, Bron devient aussi la porte du ciel.

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Etape 10 - L'aéroport

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Les débuts ont été laborieux. Même si 100.000 personnes émerveillées se sont pressées à Villeurbanne en mai 1910 pour assister à l'un des premiers meetings aériens, le "champ d’aviation de Bron" créé dès le mois de novembre de la même année grâce à l'initiative d'un financier lyonnais, M. Bouchet de Fareins, tient plus du pré à vaches que d’un Roissy-Charles-de-Gaulle. Un sport pour riches ou une nouvelle attraction de cirque, c’est ainsi que nos ancêtres considèrent l’aviation d’alors. Tous ne partagent pas cet avis, à commencer par les militaires. Eux ont compris le potentiel qu’offre la maîtrise du ciel pour combattre l’ennemi, aussi dès 1912 ils aménagent une base près des installations civiles. En un tour de main, une dizaine de hangars en toile et en bois surgissent le long de la route de Grenoble, garnis d’une vingtaine d’avions aux cocardes tricolores. La piste, en herbe, se situe alors le long de l'avenue des Droits-de-l'Homme, et non à l'emplacement de la piste actuelle. Arrive la Première guerre mondiale, qui propulse la base brondillante en tête des aérodromes militaires de France, tandis que l’industrie aéronautique se replie en banlieue lyonnaise, la région parisienne étant trop exposée aux attaques allemandes. De 1914 à 1918, les avions changent radicalement. Les oiseaux hésitants des débuts héroïques deviennent des vaisseaux armés de bombes et de mitrailleuses, capables de traverser un pays ou de franchir les mers en une poignée d’heures.

 

Avec le retour à la paix, les progrès accomplis profitent aux civils. Le courrier puis les passagers remplacent les engins de mort à bord des Bréguets, des Spads ou des Farmans. A partir de 1922, la "gare aérienne" de Bron accueille deux fois par semaine la ligne Paris-Lyon-Marseille de la Compagnie des Messageries Aériennes, bientôt rejointe par une ligne Lyon-Genève. Petit à petit, les rares passagers  - qui acceptent de payer 500 francs la place ! - se font plus nombreux, les compagnies aériennes fleurissent, les lignes s’étirent vers Londres, Tunis, l’Algérie. Les vols deviennent quotidiens et, à raison de 6 à 20 passagers par avion, le cap des 1000 clients annuels est franchi. Les bâtiments destinés à les accueillir, eux, restent à la traîne. En 1928, ils se résument encore au bar de M. Sibille, bâti de bric et de broc, qui permet "aux usagers de la ligne Marseille-Londres, de trouver à l’arrêt à Lyon des paniers-repas, boissons réconfortantes, etc.". Un buffet très campagnard, en somme.

 

Pareille improvisation n’a plus sa place. En 1929, l’Etat transfère le champ d’aviation à la Chambre de Commerce, avec mission de le moderniser : "l’extension de l’aérodrome de Lyon-Bron ne peut que représenter la plus grande utilité au point de vue des relations par avion entre Lyon et tous les grands centres de France et d’Europe", déclare son président. A coups de millions de francs, une aérogare dernier-cri sort de terre. Avec ses trois étages à plan en L, son vaste hall et sa rotonde décorée de fresques, ses comptoirs voués aux compagnies aériennes, un restaurant, des boutiques, sans oublier la douane et un poste de police, ce bâtiment ultramoderne devient en 1930 "la plus grande aérogare du monde". En 1938, il accueille ainsi 13.000 passagers, 312 tonnes de courrier et 15.000 vols, dont ceux d’Air France reliant Paris à Lyon et à Marseille, auxquels s’ajoute le trafic de la base militaire installée près des bâtiments civils.

 

Le déclenchement de la Seconde guerre mondiale interrompt subitement cette croissance. En août 1939, toutes les installations sont confiées à l’Armée de l’Air, tandis que les avions basés à Bron prennent part à la "drôle de guerre". Un peu plus tard, en janvier 1940, plus de 3000 aviateurs polonais ayant fui leur pays envahi par les nazis s’installent dans notre ville. La vieille piste en herbe étant incapable d’accueillir des appareils qui dépassent désormais 20 tonnes, en 1941 on construit à grands frais une piste en béton de 60 mètres de large et 1,4 km de long. Puis vient l’occupation par l’armée allemande, en 1942. Même si l’ennemi l’utilise peu, l’aéroport représente un objectif stratégique pour les Alliés, ce qui lui vaut d’être bombardé à deux reprises en 1944. Une centaine de maisons sont détruites dans notre ville, tandis que les hangars d’aviation qui faisaient sa fierté volent en éclats. Deux d’entre eux en réchappent par miracle ; construits en 1925-1927, ils existent toujours et comptent à présent parmi les plus anciennes installations aéroportuaires de notre pays - ce sont ces deux hangars qui vous font face, reconnaissables à leur coque en arc-de-cercle. Il faut imaginer la base d'alors, avec tout un ensemble de hangars similaires encadrant l'espace jusqu'en contrebas de la colline du fort.

 

Avec le retour à la paix, l'aéroport s'ouvre à nouveau à l'aviation civile. Celle-ci occupe une place de plus en plus importante par rapport à l'aviation militaire, et finit par la supplanter. En 1957, alors que les ingénieurs conçoivent la célèbre caravelle  - le premier avion à réaction français destiné au transport civil, l'aéroport de Bron est équipé d'une nouvelle aérogare, dotée de grands bâtiments rectangulaires aux allures de lycée, aujourd'hui englobés dans le magasin Castorama. "Lyon-Bron" connaît alors son apogée, avec une cinquantaine de lignes desservies en France, en Europe et en Afrique du Nord, qui accueillent en 1972 plus d'un million de passagers. A cette époque, le décollage ou l'atterrissage d'un avion est toujours un spectacle, qui provoque immanquablement l'arrêt des autos circulant sur la nationale 6, leurs passagers étant trop heureux de pouvoir l'admirer. Mais ce qui était un atout dans les années 1930, la proximité de Lyon, finit par devenir un handicap. Cerné de tous côtés, l'aéroport ne peut plus répondre au développement du transport aérien, d'autant plus que les Brondillants et les habitants des villes voisines ne supportent plus d'entendre le rugissement des réacteurs à longueur de journée. Le temps est venu de déplacer l'aéroport vers son emplacement actuel, à Saint-Exupéry. Le transfert intervient en avril 1975. Les terrains libérés par le départ des avions de ligne cèdent alors la place à l'Ecole de Santé des Armées, au palais d'expositions Eurexpo, et à la zone industrielle du Parc du Chêne. Aujourd'hui, l'aéroport accueille des clubs aéronautiques et surtout une aviation d'affaires particulièrement importante, puisque Bron occupe la troisième place en France de cette catégorie.

 

Votre chemin de découverte "Bron voyage" est à présent terminé.

 

Pour revenir en centre ville

  • Continuer à marcher en direction de la mairie, jusqu'au carrefour de l'avenue Charles-de-Gaulle et du boulevard des Droits-de-l'Homme.
  • Vous trouverez sur la gauche l'arrêt du bus 52. Le prendre en direction de Parilly-Université (fréquence : un bus toutes les 12 à 15' en semaine. Attention, pas de bus le dimanche)
  • Puis prendre le tram T2 en direction de Perrache.
  • Le dimanche, continuer à marcher sur l'avenue Charles-de-Gaulle puis sur l'avenue Franklin-Roosevelt jusqu'à l'arrêt de tram Les Alizés.

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Illustrations

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    Les hangars bientôt centenaires de l'aéroport de Bron
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  2. Vignette
    - Avec l'un de ses plus fameux pilote, Berlot, vers 1912-1914
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    Le tour de France des avions de tourisme fait escale à Bron (en 1931 ?)
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