Patrimoine
Boulevard Emile-Bollaërt

Créé à partir de 1937, le parc de Parilly a succédé au bois de Bron, où rodaient les loups et les brigands sous l'Ancien Régime, mais où les Brondillants venaient aussi quotidiennement.

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Etape 11 - Le bois de Bron

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Il fut un temps où le bois de Bron était redouté des voyageurs. Ils n'y voyaient qu'un refuge de brigands de grands chemins, hanté par les loups. Ils n'avaient pas tout à fait tort : quand la nouvelle route de Grenoble fut tracée, en 1748, les ingénieurs du roi prirent grand soin de défricher une large bande de 20 mètres de part et d'autre de leur chaussée, pour "empêcher tous refuges aux malfaiteurs". Le coup ne plut guère aux loups dont c'était l'habitat ; quelques mois après la fin des travaux, ils sortirent du bois et semèrent la terreur autour de Bron, comme ce 21 septembre 1754, lorsqu'on retrouva sur le territoire de Villeurbanne la petite Marie Lourdin, "âgée d'environ onze ans, égorgée le jour d'hier par une bête fauve, et transportée chez sa mère dans la paroisse de Bron". Ce bois constituait une mer de chênes, de châtaigniers et d'acacias qui s’étendaient sur presque toute la colline de Bron, depuis l'université Lumière Lyon 2 au sud jusqu'à l'hôpital neuro-cardio au nord, et ne s'arrêtait à l'est, qu'à une portée de fusil de la maison-forte. Tout près d'ici, le nom des quartiers du Grand-Taillis (à mi-chemin entre les UC et l'hôtel de Ville) et des Essarts ("le lieu défriché", en franco-provençal), en sont directement hérités.

 

Avec près de 300 hectares en 1655, le bois constituait une aubaine pour les Brondillants. Loin de le redouter, ils y menaient brouter leurs moutons et leurs cochons, y puisaient le bois pour leurs outils, pour les charpentes de leurs maisons et pour leurs cheminées. Chacun pouvait s'y servir selon sa volonté,  car si une grande partie de ces lieux appartenait aux seigneurs du village - et là, pas de quartier si vous veniez taquiner les gardes ! -, pour une quarantaine d'hectares ils étaient possédés par les Brondillants, dont ils constituaient les "communaux". On y chassait, aussi. La preuve : le 29 septembre 1770, alors qu'ils effectuent leur ronde du côté du Grand-Taillis, deux gardes-chasse royaux, Félix Perrin et Claude Gilibert, débusquent « deux chasseurs ornés le chascun dun fusil gibessière et carnier qui chassaient, ayant avec eux deux chiens de chasse devant lesquels ils ont tiré plusieurs coups de fusil sur du gibier poil ou plumes que nous navons pu dicerner atendu que nous netions pas assez pret ». Talonnant leurs chevaux, les gardes réussissent à arrêter l’un des braconniers mais le deuxième s’enfuit en courant à travers bois et leur échappe. Ayant eu le temps de voir ses vêtements, Perrin et Gilibert le traquent dans Bron, scrutant les champs, arpentant les chemins. Vers midi, fatigués par leur course, ils entrent dans l’auberge du sieur Nicolas, sur la grand’route. Leur homme est là, en train de boire tranquillement ! Mais en deux bonds, il s’enfuit à nouveau, traverse une chambre et disparaît par la fenêtre. Au moins, il n’a pu emporter ni son arme ni sa gibecière. Les gardes s’en emparent et reviennent dans la salle de l’auberge, où ils questionnent les témoins. A force de menaces et de jurons, ils réussissent à arracher le nom du fugitif : « le sieur Sauboyant, vicaire  (prêtre) de la paroisse de Bron » !

 

Le trésor qu'est le bois suscite les convoitises. Plus que les braconniers ou les brigands, les Brondillants redoutent leurs voisins Vénissians. Pire, même, ils sont en guerre contre eux depuis une éternité. La raison de leur querelle ? La propriété des communaux, qu'ils se disputèrent pendant presque cent ans, entre 1612 et le début du 18e siècle. Cent ans d'une guerre émaillée de confiscation de bétail, d'emprisonnement des contrevenants et de procès à n'en plus finir, comme pour ce pauvre Claude Curtil, « mené prisonnier aveq son bestail au chasteau de Bron et son procès criminel auroit esté [aussitôt] instruit ». A force de coups de hache et "d'essartages", le bois de Bron finit par reculer. La carte de la grand'route levée vers 1750-1780 montre l'étendue des dégâts : le bois a été rongé sur la moitié de sa surface, où il a été converti en champs de seigle et en landes à moutons. Au début du 20e siècle, il n'en subsistait plus que quelques lambeaux. Le beau bois d'autrefois avait cédé sa place à des prés couverts d'herbes folles, comme le montrent les cartes-postales et les photos du siècle dernier. Jusqu'au jour où un préfet vint à passer par ces champs. Emile Bollaert. Il allait écrire une nouvelle page dans l'histoire de Parilly.

 

Pour aller à l'étape suivante :

  • Prendre à droite l'avenue Bollaert, en empruntant le sentier en terre battue qui courre au sommet du coteau (direction "Lyon").
  • Après 200 mètres, s'arrêter au début de l'allée de la Pépinière.

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