La première église de Bron fut construite au Moyen Âge. A quelle date exactement ? Les historiens l’ignorent. Sa plus ancienne mention remonte à 1276, mais un sanctuaire a du exister ici dès les 11e et 12e siècles, voire bien plus tôt encore. Devenue trop petite et en très mauvais état, l'église médiévale fait l'objet d'importants travaux en 1674, grâce aux efforts déployés par son curé d'alors, Philibert Fourrier. Après avoir tonné haut et fort contre la municipalité que "l’église dudict lieu de Bron est sy vielle et caducque, quelle menace une totalle ruyne", le curé Fourrier obtient enfin les deniers nécessaires et confie à un maçon d'Heyrieux, maître Damurge, le soin de construire une nef rectangulaire précédée d'un clocher carré "suffisant pour y mettre deux cloches". A l'intérieur du bâtiment, tout est refait à neuf, le sol en gros carreaux de terre cuite, trois nouveaux autels, une tribune pour les paroissiens, que l’on place juste au–dessus de la porte, un grand crucifix et surtout plusieurs meubles dont on manquait jusqu’alors : une chaire à prêcher, une balustrade pour séparer la nef du choeur, et deux confessionnaux. Il ne demeure guère de l'église ancestrale, qu'une précieuse relique que vénèrent tous les Brondillants : "un chef (un buste sculpté) de St Denis, au haut de la teste duquel il y a une ouverture faite en forme de reliquaire dans lequel il s’est trouvé un petit ossement que le seigneur et les habitans ont assuré avoir par tradition, que ce sont des reliques de St Denis".
Saint Denis n'est pas n'importe qui. Choisi pour être le saint patron de Bron, il vécut au 3e siècle, et partit de Rome pour convertir Lutèce (Paris) au christianisme. Devenu le premier évêque de notre capitale, il fut décapité vers l'an 250 ou 270 sur une colline de la ville, que l'on appela dès lors "le mont des martyrs", mué avec le temps en "Montmartre". Mais l’histoire de saint Denis ne s’arrête pas là. D’après la légende, sitôt le coup fatal donné, une grande lumière jaillit. Puis le corps de Denis se releva, prit sa tête entre ses mains et marcha pendant près de huit kilomètres avant, enfin, de s’arrêter et de s’allonger sur le sol ! Plus tard, l’endroit où le supplicié termina son voyage accueillit une basilique construite en son honneur. En 626, le roi Dagobert lui adjoint une abbaye dans laquelle il déposa en grande pompe les restes de Denis. La popularité du saint grandit très vite, au point d’être choisi pour saint patron de Paris et de la France. Les rois eux-mêmes, élurent la fameuse abbaye de Saint-Denis comme nécropole royale : on peut encore y voir les tombeaux des souverains du Moyen Âge, d’Henri IV ou encore celui, somptueux, de François 1er. On comprend mieux dès lors, que le petit bout du saint conservé à Bron, ait suscité une "grande dévotion tant des lieux voisins que de la ville de Lyon et autres endroits plus éloignés", nous dit un texte de 1654.
Parvenue au milieu du 19e siècle, la vieille église saint Denis ne convient plus du tout au gros village qu'est devenu Bron. Lorsque la paroisse n’avait que 300 habitants, elle suffisait largement, mais aujourd’hui avec 1000 Brondillants, le curé doit refuser du monde ! Il devient urgent de l’agrandir ; en plus avec toutes ces lézardes sur les murs, la nef risque de s’écrouler d’ici peu. Aussi, en juin 1850, la municipalité décide-t-elle de construire un nouveau bâtiment. Un architecte lyonnais, François Merlin (1814-1876), dresse des plans et chiffre la dépense : l'on rasera l'ancienne église et on la reconstruira totalement, moyennant 20.000 francs-or. Pour payer, les 7500 francs soigneusement mis de côté depuis des années pour s’offrir une école seront ponctionnés - les enfants attendront bien encore un peu… Quant au reste du budget, une augmentation des impôts et une subvention de l’État y pourvoiront.
Confié à un maçon de Villeurbanne, le chantier démarre au printemps 1851. Les matériaux affluent de toutes parts : le gravier de Parilly ; les tuiles de Vaise ; les moellons de La Grive, près de Bourgoin, et de Couzon-au-Mont-d'Or ; quant aux pierres de taille des colonnes, de la porte principale et des décorations, elles viennent de Villebois, dans l’Ain, où s’extrait un beau calcaire blanc. Par mesure d’économie, on récupère aussi des matériaux de l’ancien bâtiment. Dès l’été 1851, les fondations sont déjà posées et une partie des murs montée ; en mai 1852 « les travaux sont presque achevés ; il reste encore les voûtes et le clocher à exécuter, sous peu tout sera terminé ». Et subitement le maçon s’arrête de travailler. En 1853, l’église est encore « ouverte à toutes les intempéries de la saison, et le service divin ne peut y être célébré ». La raison de ce coup de frein ? Après le début du chantier la ville n’a plus payé un sou ! Bien des prières seront nécessaires pour poser clocher et fenêtres, et aussi honorer la dernière facture, en 1860. A peine six ans plus tard, en 1866, il faut recommencer les travaux : l’église flambant neuve est déjà trop petite ! On prolongea donc la nef et l'on reconstruisit l'abside.
A part quelques réparations ponctuelles, notamment après les bombardements dont souffrit notre ville en 1944, l'église actuelle, avec son portail de style roman, sa nef accompagnée de deux bas-côtés, et son abside de style roman elle aussi, est issue de ces campagnes de travaux du 19e siècle. Il ne lui manque que le presbytère qui se dressait à sa droite, l'ancien cimetière qui occupait les pelouses et les espaces piétonniers de la place Curial... et surtout le village, qui l'entourait encore au début du 20e siècle.
Pour aller à l'étape suivante :
- Tram T5 ou bus C15, arrêt De Tassigny-Curial
- Sur la place Curial, tourner le dos à l'église Saint-Denis et se rapprocher des commerces et de la rue de la Pagère.